Le Généraliste : Existe-t-il un profil-type du remplaçant ?
Dr Alan Charissou. On considère qu’il y a environ 10 000 remplaçants, parmi lesquels on compte les jeunes sortis de la faculté qui ne sont pas encore installés. On commence aussi à avoir un tout petit peu plus de remplaçants qui ont déplaqué, donc une tranche d’âge qui oscille entre 55 et 60 ans. Mais ces derniers sont encore minoritaires.
Le remplacement est-il vraiment devenu une forme d’exercice à part entière ?
Non, il y a certes des spécificités au fait d’être remplaçant, mais il ne s’agit pas pour autant d’un exercice différent. L’étude Remplact que nous avons menée l’année dernière montrait qu’environ 40 % des remplaçants avaient une activité de remplacement fixe dans un même cabinet. Donc, presque la moitié des généralistes remplaçants ont la même activité de suivi qu’un médecin installé.
Quelles sont aujourd’hui les conditions économiques des remplaçants ?
Globalement nous sommes sur une fourchette de revenus inférieure à celle des médecins installés. Ce qui n’empêche pas qu’il est possible pour un remplaçant de gagner convenablement sa vie. Même si le début d’activité est difficile. On sort de la faculté fin octobre, et avant les fêtes de fin d’année, les médecins installés ne cherchent pas de remplaçants. Certains jeunes généralistes restent ainsi accrochés à l’hôpital parce qu’ils n’ont pas trouvé de remplacement en fin d’internat, et prennent un poste de faisant fonction d’assistant pour avoir des revenus assurés.
Quelle forme pourrait revêtir le statut de remplaçant que vous appelez de vos vœux ?
Nous ne réclamons pas un statut à cor et à cri, mais l’amélioration de certains points. Il existe un gros problème sur le terrain de la prévoyance pour les remplaçants non thésés. En cas d’arrêt-maladie, ils n’ont plus aucune ressource. La moitié des remplaçants aujourd’hui ne souscrivent à aucune assurance privée en début d’activité. Il y a aussi un manque de reconnaissance. Aujourd’hui, les remplaçants ne sont pas identifiés et ne sont jamais inclus dans les réflexions sur l’organisation du système de soins.
Vos Rencontres débuteront par une table ronde avec, entre autres, l’Ordre, la DGOS et l’Uncam. Comment appréhendez-vous les positions de ces différents acteurs ?
Pour l’instant, on a l’impression que le Cnom souhaite mieux nous cerner et nous utiliser, ce qui est plutôt une bonne chose. Mais on a parfois le sentiment que derrière cette volonté, il y a un désir de coercition, ce qui n’est pas acceptable car sinon les jeunes partiront du coup vers d’autres modes d’exercice, notamment hospitalier. Dans ce contexte, avoir un statut clair, avec des droits et des devoirs ne serait ainsi pas forcément une mauvaise chose. Ainsi, pouvoir voter aux élections professionnelles, serait une avancée notable.
La récente plate-forme de propositions pour la médecine libérale de la Csmf et du SML se prononce en faveur d’un strict encadrement du remplacement…
Ce qui a été évoqué par la CSMF et le SML, c’est la limitation de la durée du primo-remplacement. Ce qui dans le contexte de désertification médicale, me semble une position plutôt étrange de la part de syndicats seniors : diminuer le temps de remplacement, c’est diminuer le pool de remplaçants disponible pour les généralistes installés.
Vous allez donc continuer à développer la mise en place de réseaux locaux
Ce qui nous anime à Réagjir, c’est la promotion de l’exercice de la médecine générale ambulatoire. Nous essayons de mettre tous les acteurs autour de la table : les URML hier, les URPS aujourd’hui, l’Ordre, l’Isnar et les financeurs, en Lorraine par exemple, c’était l’Urcam, mais peut-être demain les ARS. Nous avons ainsi organisé les après-midi du remplaçant à destination des internes qui viennent de finir leur stage chez le praticien. On leur explique ce qu’il faut faire pour devenir remplaçant, et ensuite il y a un parc de stands où sont présents tous les acteurs nécessaires à leurs démarches administratives. En trois heures, ils peuvent devenir remplaçant opérationnel.
Informations : contact@reagjir.com
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