« DANS LA PLUPART des affections foetales graves », le « danger » tient au fait que l' « interruption (médicale, ndlr) de la grossesse se présente comme la solution la moins pire. En devenant habituelle, cette manière de concevoir le sens de l'accompagnement finit par se systématiser », écrit Jean-François Mattei, dans la préface du livre d'Isabelle de Mézerac, « Un enfant pour l'éternité »* . Plutôt que de rappeler que l'interruption médicale de grossesse est légale depuis près de 30 ans, le ministre de la Santé appelle ses confrères à « évoquer » avec la future mère d'un enfant condamné par la médecine « et son conjoint » le recours à des soins palliatifs comme « alternative » à l' « euthanasie fœtale ». Isabelle de Mézerac qui, rejetant « une mort médicalement anticipée », a mené sa grossesse à terme. Son enfant prénommé Emmanuel, atteint d'une trisomie 18 et d'une hernie du diaphragme, mourra 1 h 12 après sa naissance. La démarche de cette mère de 45 ans, qui a déjà mis au monde 4 enfants, est un « message qui vaut pour toutes les femmes enceintes frappées par ce destin maudit », affirme Jean-François Mattei, qui loue ce « témoignage de courage et d'altruisme ». « L'accueil de l'enfant vivant, ajoute-t-il, peut parfois entrelacer ces moments de douleur morale et d'indicibles instants de joie, ce qui jamais ne pourra se produire dans le cas d'un avortement médical. »
Le texte du ministre est critiqué par le député-médecin Jean-Marie Le Guen. Le responsable des questions de santé et d'assurance-maladie pour le groupe socialiste à l'Assemblée trouve « choquant que l'on puisse parler en termes d'"habitude" et d'"attitude systématique" à propos des choix toujours douloureux qui sont faits dans des situations qui ne le sont pas moins ». Il estime en outre que Jean-François Mattei sort de son rôle, car « il ne revient pas au ministre d'indiquer aux équipes médicales l'attitude qu'elles doivent avoir dans telle ou telle démarche soignante ».
* Editions du Rocher, 110 p. , 13,90 euros.
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