LE RAPPORT sur le THS qui a été publié le mois dernier apporte des données chiffrées obtenues à partir de sources françaises (études de cohorte, enquêtes) et d'un travail de modélisation à partir de données physiopathologiques. Il se découpe en trois chapitres, qui présentent :
- Les effets du THS sur la survenue de cancers du sein et d'événements cardio-vasculaires (infarctus du myocarde et AVC). L'estimation du nombre des cas attribuables au THS a été calculée pour une année correspondant au pic d'utilisation (années 2000-2002). Elle a intégré l'âge au début du traitement, sa durée, le type des produits utilisés et différentes hypothèses de niveau de risque retenues à partir d'une revue de la littérature comprenant les études anglo-saxonnes WMS et WHI et l'étude française E3N. Entre 2000 et 2002, de 20 à 25 % des femmes âgées de 40 à 65 ans prenaient un THS. Le calcul des scientifiques donne comme estimation entre 650 et 1 200 le nombre des cas de cancers du sein attribuables au THS pour une année, soit de 3 à 6 % du total des cancers du sein diagnostiqués pour l'année dans la tranche d'âge (22 000 cas). Les calculs font estimer entre 60 et 200 le nombre des infarctus du myocarde (de 2 à 6 % du total des 3 500 IdM) et entre 300 et 650 cas le nombre des AVC (de 6,5 à 13,5 % du total des cas). Comme il y a environ deux millions d'utilisatrices de THS dans la tranche d'âge, cela donne entre 5 et 10 cas supplémentaires pour 10 000 utilisatrices pour l'ensemble des pathologies.
- Les caractéristiques de l'utilisation en France. Plusieurs cohortes (E3N, GAZEL, 3C) et enquêtes montrent que 40 % des femmes sont suivies par un gynécologue et la même proportion par un généraliste. Dans la tranche d'âge des 40-65 ans, 17 % prennent un estrogène seul, 24 %, une association estrogène/progestérone micronisée, et 58 %, un estrogène avec un autre progestatif. Dans les deux tiers des cas, les estrogènes sont pris sous forme transdermique, ce qui est une caractéristique française. L'hormonothérapie dite « à la française », estrogènes transdermiques/progestérone micronisée, n'est pas majoritaire : 21 %.
- Le rapport propose des études à mener pour préciser les risques éventuels. Il existe encore beaucoup d'inconnues et les études ciblées doivent être poursuivies. On sait qu'il existe une légère augmentation du risque de cancer du sein en association avec le THS chez les femmes traitées plus de cinq ans, qui a été précisée par des études anglo-saxonnes (WHI, Women's Health Initiative, en 2002 ; MWS, Million Women Study en 2003), puis française (E3N en 2004). Mais on n'est pas capable de dire à partir de quand ce risque augmente. Et on ne sait pas non plus si les estrogènes transdermiques sont associés aux mêmes particularités. Les résultats de l'étude française E3N chez les 100 000 adhérentes de la Mgen indiquent qu'il n'y a pas de surrisque de cancer du sein pendant les quatre premières années de prise avec l'association estrogènes/progestérone naturelle micronisée (21 % des femmes françaises), mais il faudrait savoir ce qui se passe au-delà. Les données manquent encore aussi sur les effets des phytœstrogènes, sur l'utilisation de la progestérone en périménopause. Le rapport préconise de poursuivre l'exploitation d'E3N, dont de nouveaux résultats vont bientôt être publiés.
Ces dernières évaluations ne modifient en rien les recommandations publiées par l'Afssaps en 2003, qui indiquent que le THS doit être pris uniquement dans le cadre de l'indication des troubles climatériques importants, aux doses les plus faibles et pour une durée le plus courte possible. En revanche, le rapport bénéfice/risque pour le traitement de l'ostéoporose de la femme ménopausée est défavorable. Le rapport relève que les données de la Canam sur les prescriptions montrent que l'utilisation des THS a considérablement diminué à la suite de ces recommandations.
Conférence de presse avec les Drs Anne Castot, Dominique Castigliola, et M. Jean Marimbert (DHG de l'Afssaps).
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