REFERENCE
Cette pathologie très fréquente, touchant de 10 à 40 % de la population générale selon l'âge, les régions, les études (1), est sous-diagnostiquée et sous-traitée. De surcroît, elle est souvent associée ou compliquée de conjonctivite, d'otite, surtout chez l'enfant, de sinusite, voire d'asthme. Elle entraîne fréquemment une altération de la qualité de la vie du fait du retentissement sur les performances scolaires et/ou professionnelles, selon l'âge. Le coût socio-économique qu'elle génère est très élevé.
Une prise en charge optimale de cette maladie, la plus fréquente des maladies chroniques chez l'enfant (2), apparaît donc essentielle.
Il est démontré qu'un diagnostic précoce et un traitement adapté permettent de prévenir ses complications ou d'en diminuer la sévérité. Aussi, la mise en place de consensus pour la prise en charge de cette maladie allergique est apparu indispensable. La première étape a consisté en l'établissement d'une nouvelle classification de ces rhinites allergiques.
Les dernières recommandations en date, issues de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), ont été dénommées ARIA (3) (Management of Allergic Rhinitis and its Impact on Asthma).
Les recommandations ARIA définissent la rhinite allergique comme la pathologie nasale induite par l'inflammation IgE-dépendante des muqueuses nasales, à la suite d'une exposition allergénique.
Selon le consensus antérieur (4), on ne parle de rhinite que lorsque deux des symptômes de la triade classique - éternuements, prurit nasal, obstruction et/ou rhinorrhée - sont présents plus d'une heure par jour, la plupart des jours. Cette notion, ainsi que les classifications selon la chronologie saisonnière (pollinique) ou perannuelle (acariens, animaux domestiques...) et la sévérité (légère, modérée à sévère, selon la sévérité des symptômes) ne sont plus d'actualité.
Les patients sensibilisés à des allergènes saisonniers peuvent présenter des symptômes sur une longue durée du fait de l'exposition à plusieurs espèces de pollens pendant plusieurs mois : allergie au noisetier et au bouleau, dans le nord de la France, ou au cyprès dans le Midi, dont la pollinisation est précoce. Cette exposition est suivie de pollinoses dues aux graminées et aux céréales et, plus tard, aux herbacées (armoise ou pariétaire dans le Midi).
A l'inverse, des patients sensibilisés à des allergènes perannuels, tels que les acariens de poussière de maison, peuvent présenter des symptômes sur quelques semaines seulement, comme c'est le cas dans le sud de la France, où il existe deux pics nets en automne et au printemps, avec des périodes asymptômatiques entre ces deux saisons.
Enfin, des patients polysensibilisés à des allergènes perannuels et saisonniers présentent des symptômes perannuels avec de fortes exacerbations saisonnières.
Ces recommandations respectant les règles de l'« Evidence Based Medecine » sont intéressantes à plus d'un titre :
- elles sont applicables dans le monde entier ;
- elles sont proches de la classification de l'asthme (consensus international) rappelant les liens étroits qui existent entre les deux maladies des voies aériennes hautes et basses ;
- elles facilitent la mise au point de stratégies thérapeutiques adaptées et simples.
Leur application sera confrontée à la pratique quotidienne de tous les médecins, et des modifications ultérieures restent possibles.
1) P. Howarth. The development of Guidelines for Allergic Rhinitis. « Rev Fr Allergol Immunol Clin », 2001 ; 41 : 116-120.
2) F. Marmouz. Rhinites Allergiques de l'Enfant. « Allergie & Immunologie », 12/2000 ; 32 ; n° 10 ; 381-387.
3) Van-Cauwenberge P., Bachert C., Passalacqua G., Bousquet J., Canonica G.W., Durham S.R., Fokkens W.J., Howarth P.H., Lund V., Malling H.J., Mygind N., Passali D., Scadding G.K., Wang D.Y. Consensus Statement on the Treatment of Allergic Rhinitis. EAACI Position paper. « Allergy », 2000 ; 55 : 116-134.
4) International Consensus Report on Diagnosis and Management of Rhinitis. International Rhinitis Management Working Group.« Allergy », 1994 ; 49 : 1-34.
Nouvelle classification selon le consensus de l'OMS
1) Intermittente :
- moins de quatre jours par semaine ;
- et moins de quatre semaines consécutives par mois.
2) Persistante :
- plus de quatre jours par semaine ;
- ou plus de quatre semaines consécutives par mois.
3) Légère :
- sommeil normal ;
- activités sociales et loisirs normaux ;
- activités professionnelles et/ou scolaires normales ;
- symptômes peu gênants.
4) Modérée à sévère :
- sommeil perturbé ;
- activités sociales et loisirs perturbés ;
- activités professionnelles et/ou scolaires perturbées et/ou symptômes gênants.
Cette classification engendre une nouvelle manière de traiter les rhinites allergiques.
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