20 janvier 2007
Le comité stratégique du Programme national Hépatites virales a proposé une liste de l’ensemble des mesures possibles, parmi lesquelles un choix de priorités a été dégagé et exposé par le ministre chargé de la Santé lors d’une conférence de presse en décembre 2005. Ces priorités constituent le nouveau programme national de santé publique consacré aux hépatites, démarré en 2006 pour quatre années.
Compte tenu des éléments du diagnostic de situation réalisé par le comité stratégique, ce choix de priorités s’articule selon trois grandes lignes de force.
Chacun des trois axes est décliné en actions concrètes, dont chacune est assujettie à un objectif précis et quantifié à l’horizon du programme (fin 2009).
1. Amélioration des pratiques professionnelles au sein du parcours coordonné des soins ;
– améliorer par le dépistage la part des hépatites B et C diagnostiquées : pour l’hépatite B, passer de 45 % (2003-2004) à 65 % (2009) ; pour l’hépatite C, passer de 57 % (2003-2004) à 75 % (2009) ;
– élaborer, valider et diffuser en 2007 des règles de bonnes pratiques médicales concernant la prise en charge des hépatites B et C ;
– élaborer, valider et diffuser en 2007 des recommandations concernant l’organisation de la prise en charge des hépatites B et C au sein du système de soins ;
– former d’ici à 2008 au moins 10 % des médecins généralistes et au moins 35 % des hépato-gastroentérologues du secteur libéral à ces règles de bonnes pratiques et à ces recommandations ;
– évaluer en 2008 par des audits de pratique les modalités de prise en charge des patients atteints d’hépatites B et C : améliorer le délai de prise en charge et porter la part des hépatites dont la prise en charge est conforme avec les règles et recommandations à 75% ou plus ; porter d’ici 2009 la part des patients traités parmi ceux dont l’infection et connue et qui relèvent d’une indication à un traitement à 80 % ou plus,
– évaluer en 2007 et 2008 l’impact médico-économique de la prise en charge des hépatites B et C en France,
– évaluer en 2008 l’impact des évolutions épidémiologiques et sanitaires sur la prospective des hépatites B et C d’ici 2030, en distinguant les différentes formes de gravité des infections.
2. Renforcement de la prévention et du dispositif d’accueil et d’accompagnement des usagers de drogues :
– informer au moins 60 % des usagers de drogues sur les risques d’hépatite liés à la réutilisation du matériel,
– évaluer les connaissances, opinions et pratiques des usagers de drogues vis-à-vis des risques d’hépatite,
– réduire de 30 % la fréquence des pratiques de partage des seringues et de réutilisation du petit matériel ;
– augmenter de 35 000 en quatre ans le nombre d’usagers de drogues ayant une dépendance aux opiacés substitués par la méthadone ;
– réduire d’un tiers l’incidence des hépatites C chez les usagers de drogues et évaluer l’incidence des hépatites B chez ces personnes.
3. Amélioration de la couverture vaccinale contre l’hépatite B, notamment dans les groupes de population les plus exposés :
– atteindre d’ici à 2008 un niveau de vaccination contre l’hépatite B d’au moins 70 % parmi les sujets les plus exposés n’ayant pas de marqueurs du VHB ;
– vacciner contre l’hépatite B et administrer des immunoglobulines anti-HBs chez plus de 95 % des nouveau-nés de mères porteuses de l’antigène HBs, dans les 24 heures suivant la naissance,
– sensibiliser les médecins généralistes, les pédiatres et le grand public à l’intérêt de la vaccination des nourrissons, telle qu’elle est préconisée dans le calendrier vaccinal.
Vacciner les groupes à risque et reprendre activement la vaccination des nourrissons sont aujourd’hui encore des priorités
La nécessité de renforcer la vaccination des groupes à risque est d’autant plus impérative que, dans notre pays, la prévalence de l’hépatite B chronique, est beaucoup plus élevée qu’on ne le pensait, comme l’a montré une étude menée récemment par l’Institut de veille sanitaire, en colloboration avec la Cnamts. Il y a en France environ 300 000 sujets porteurs chroniques du VHB, deux fois plus que les estimations antérieures. Les autorités sanitaires ont donc décidé de donner la priorité à la vaccination des groupes à risque :
– nouveau-nés de mère AgHBs positif ;
– enfants vivant en institution ;
– usagers de drogues par voie intraveineuse ;
– sujets ayant des partenaires multiples ;
– personnes résidant ou voyageant dans des pays de forte endémicité du VHB ;
– sujets en contact avec des patients présentant une hépatite B ou porteurs chroniques du VHB ;
– partenaires sexuels d’un porteur chronique du VHB ;
– sujets susceptibles de recevoir des transfusions sanguines massives ou répétées.
Le vaccin contre l’hépatite B est toujours inscrit dans le calendrier vaccinal du nourrisson, mais la couverture vaccinale reste très faible, de l’ordre de 20 % à 30 %, alors que, aux Etats-Unis, au Canada et dans la plupart des pays européens, tous les nourrissons en bénéficient. Un retard lié à la polémique franco-française sur les effets secondaires du vaccin...
Une promotion active de la part des autorités sanitaires, comme des experts, devrait permettre de rassurer les parents et les médecins sur la vaccination dans cette tranche d’âge, seule façon de limiter efficacement la circulation du VHB et de réduire le nombre de porteurs chroniques.
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