Canicule et prise en charge des personnes âgées

Les recommandations de l'Igas

Publié le 02/02/2004
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LA CANICULE de l'été 2003 a confirmé les insuffisances de la politique en faveur des personnes âgées dépendantes, souligne un rapport de l'Igas (inspection générale des Affaires sociales) remis la semaine dernière à François Fillon et qu'a détaillé l'AFP.
L'étude des « conséquences de la canicule estivale dans les établissements et services sociaux et médico-sociaux pour personnes âgées » a été réalisée dans huit départements, dont six ont connu une surmortalité très forte : le Val-de-Marne (+ 171 %), le Cher (+ 131 %), les Yvelines (+ 108 %), Paris (+ 127 %), la Creuse (+ 72 %) et l'Eure-et-Loir (+ 69 %). Les Bouches-du-Rhône (+ 25 %) et l'Isère (+ 25 %) étaient davantage habitués aux fortes chaleurs et aux chaleurs qui durent.
Outre les « insuffisances dans une politique en faveur des personnes âgées dépendantes qui reste en construction », le rapport, tout en soulignant « le dévouement des équipes de terrain », épingle « l'impréparation du secteur social et médico-social à des situations de crise ».
Les facteurs de la surmortalité dans les établissements sont détaillés : âge (85 ans en moyenne au moment de l'entrée) et fragilité grandissante des résidents, inadaptation des bâtiments, médicalisation insuffisante, responsables « encore éloignés d'une culture du risque et de l'anticipation », personnels qualifiés en nombre insuffisants en période de congé.
Mêmes motifs, mêmes difficultés du côté du maintien à domicile : les acteurs, peu coordonnés, sont confrontés à une population plus dépendante et à des problèmes de recrutement de personnels. Sans oublier « l'insuffisance notoire » d'aide en heures financées.

Professionnalisation.

De cette analyse découlent les recommandations. Sur le plan institutionnel, l'Igas estime qu'il faut « clarifier les responsabilités ». Le président de conseil général devrait avoir « un rôle majeur » dans la mise en place des dispositifs de prévention et « en cas de crise de déclenchement du plan Vermeil » d'alerte. Il faut également pousser les différents acteurs à entrer dans des réseaux gérontologiques encore souvent en gestation.
Structurellement, le rapport pousse à une professionnalisation des personnels ou tout simplement à une formation spécifique, mais aussi à une ouverture des établissements vers les familles.
L'Igas propose aussi des mesures très concrètes : les établissements doivent s'équiper d'un « système minimal de rafraîchissement ou de climatisation », renforcer leur isolation thermique ou encore modifier les ouvertures extérieures (remplacer les stores par des volets, déverrouiller les fenêtres, etc.).
Pour les personnes vivant à domicile, le rapport prône une action de repérage des personnes vulnérables afin de leur proposer une « inscription volontaire sur un fichier ». Autre idée, « associer les services publics de proximité et l'environnement local à des actions de vigilance à l'égard des personnes isolées ». Ainsi pourrait-on recourir aux facteurs et gardiens d'immeuble, via des conventions avec La Poste et les offices d'HLM, ou encore aux pharmaciens et aux commerçants de quartier.

Le Quotidien du Mdecin

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7469