LES RÉSULTATS de René Pumain et de Jacques Laschet (unité Inserm 573, hôpital Sainte-Anne, Paris, et Pontchaillou, Rennes) permettent de mieux comprendre la physiopathologie de l'épilepsie. En montrant que l'action normale du Gaba serait réduite chez les épileptiques, ils fournissent des idées de recherche, qui pourraient aboutir à de nouveaux médicaments pour traiter notamment les épilepsies pharmacorésistantes.
On sait que la crise d'épilepsie survient lorsqu'un groupe de neurones corticaux produit de manière synchrone une brusque décharge électrique qui se propage comme un orage électrique. L'activité cérébrale est normalement régulée avec le concours du Gaba, le principal neurotransmetteur inhibiteur du système nerveux central. L'équipe montre que l'action inhibitrice du GABA se réduit chez les épileptiques, ce qui peut rendre compte de l'hyperactivité des neurones.
Les chercheurs avaient précédemment trouvé (« Neurosciences », 2004) que l'action du Gaba est contrôlée par la Gapdh (glycéraldéhyde-3-phosphate déshydrogénase), une enzyme ayant aussi un rôle clé dans le métabolisme du glucose. Au niveau des membranes postsynaptiques, la GAPDH permet de maintenir en fonction les récepteurs au Gaba de type A, en phosphorylant une de leurs sous-unités.
Le nouveau travail montre que les patients épileptiques souffrent d'un déficit du contrôle que cette enzyme exerce sur les récepteurs au Gaba. Leur découverte est la conclusion d'une série d'études sur du tissu cortical prélevé dans un but strictement thérapeutique chez des patients épileptiques pharmacorésistants.
Les récepteurs au Gaba n'exercent plus leur rôle ; et d'ailleurs, leur nombre est sensiblement réduit sur la membrane plasmatique des épileptiques.
Ces observations font suspecter un lien entre l'épilepsie et le métabolisme énergétique, soulignent les auteurs. On savait déjà que l'utilisation du glucose pour la production d'énergie (ATP) est sensiblement diminuée (hypométabolisme) dans les zones du cerveau à l'origine des crise d'épilepsie.
D'autres pathologies où un hypométabolisme au niveau du tissu nerveux a été observé, comme les maladies d'Alzheimer et de Parkinson, pourraient éventuellement profiter de ces découvertes.
« Proc Natl Acad Sci USA », 27 février 2007.
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