Le 5 juillet 2003, l'OMS annonçait qu'elle ôtait Taïwan de la liste des zones de transmission locale récente du SRAS. Il s'agit de la dernière zone du monde à être retirée de la liste établie au plus fort du pic épidémique. Vingt jours - soit deux fois la durée d'incubation de la maladie - s'étaient écoulés depuis le dernier cas survenu dans ce pays, le 15 juin 2003.
« Nous ne célébrons pas aujourd'hui la disparition du SRAS, mais une étape a été franchie : l'épidémie mondiale est endiguée », a déclaré le Dr Gro Harlem Brundtland, directeur général de l'OMS.
En raison des nombreuses questions épidémiologiques qui se posent encore sur cette maladie et si l'on prend en compte la possibilité que des cas aient échappé à la surveillance, l'OMS recommande à tous les pays de rester vigilants dans un avenir proche.
Le SRAS continue encore de menacer le monde. Près de 200 malades - dont 18 dans la région de Toronto - sont encore hospitalisés. De nouveaux cas ne sont donc pas impossibles dans les semaines ou les mois à venir. Le SRAS pourrait être une maladie saisonnière et réapparaître avant la fin de l'année si l'on se fonde sur les connaissances actuelles des autres virus de la famille des coronavirus. En outre, le réservoir animal pourrait être encore présent dans l'environnement et déclencher une nouvelle flambée épidémique au cours des prochains mois. L'OMS déclare que des recherches très approfondies doivent être envisagées sur un éventuel réservoir animal : identification de la source et étude du passage à l'homme.
Perspective d'une réémergence
Dans un article de « Nature », les Drs Allson Abbott et Tom Clarke font un point sur les avancées thérapeutiques et vaccinales en matière de SRAS. « Avec l'éventuelle perspective d'une réémergence de la maladie au cours de l'hiver prochain, il est indispensable de travailler sur ces deux domaines », analysent les deux chercheurs. Du point de vue thérapeutique, 300 000 molécules sont actuellement soumises au criblage et les plus susceptibles d'être actives vont faire l'objet de tests in vivo sur des lignées cellulaires.
Déjà, de premiers résultats ont été rendus publics : des virologues allemands ont proposé l'utilisation de la glycyrrhizine, d'autres virologues ont travaillé sur l'inhibition d'une protéinase ; enfin, une équipe de l'Université catholique de Belgique teste actuellement des molécules inhibant la réplication virale. « Mais, à l'heure actuelle, il est prématuré d'affirmer qu'un traitement du SRAS est possible », continue le Dr Abbott.
Du point de vue vaccinal, les chercheurs s'orientent actuellement vers une adaptation des vaccins développés contre les coronavirus animaux. Il semblerait que les vaccins tués soient les plus efficaces pour induire une immunité à moyen terme. « Mais certaines équipes testent aussi des vaccins atténués afin d'induire une immunité plus prolongée », explique le Dr Tom Clarke qui ajoute qu' « en l'état actuel des recherches, il est probable qu'un vaccin efficace puisse être disponible dans les cinq prochaines années ».
« Nature », vol. 424, pp. 121-127, 10 juillet 2003.
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