O N distingue, chez l'homme, quatre formes d'encéphalopathies spongiformes subaiguës transmissibles, dites maladies de Creutzfeldt-Jakob (MCJ).
1. MCJ sporadique
Creutzfeldt a publié le premier cas en 1920 et Jakob a rapporté trois autres cas en 1921.
Elle représente 80 % des cas. Son incidence est de 1,5 par million d'habitants (85 cas par an en France). Elle débute vers 60 ans et est fatale en six mois en moyenne. Aucun facteur de risque n'a été identifié. Cliniquement, le tableau est celui d'une démence d'installation rapide avec troubles neurologiques (myoclonies, ataxie cérébelleuse, syndrome pyramidal et/ou extrapyramidal, troubles visuels variés). L'évolution se fait souvent vers un mutisme akinétique.
Les seuls examens utiles pour le diagnostic sont l'EEG (caractéristique dans 60 % des cas) et la détection dans le LCR de la protéine 14-3-3.
Le diagnostic de certitude n'est obtenu que par l'examen neuropathologique : association spongiose, gliose astrocytaire, perte neuronale et parfois plaques amyloïdes de type Kuru. La détection de la protéine anormale PrPres est possible à partir de fragments cérébraux.
2. Formes génétiques
Elles représentent 10 % des cas. Elles sont liées à une mutation ou une insertion de nucléotides sur le gène PRNP codant la protéine prion. La transmission est autosomique dominante.
Ce groupe comporte : les MCJ génétiques proprement dites (diverses mutations sur le gène PRNP ont été identifiés), le syndrome de Gerstmann-Straussler- Scheinker et l'insomnie fatale familiale (insomnie, rêves, hallucinations, troubles végétatifs, difficultés motrices et démence tardive).
3. MCJ acquises ou infectieuses
L'origine est exogène :
- Kuru (observé en Nouvelle-Guinée ; contamination lors de repas rituels cannibales ; a presque disparu depuis l'interdiction du cannibalisme en 1960) ;
- MCJ iatrogène, qu'il s'agisse d'actes chirurgicaux à risque (114 cas dénombrés dans le monde), portant sur le système nerveux ou l'œil (tableau de MCJ sporadique) ou d'inoculation périphérique d'hormone de croissance d'origine hypophysaire humaine (tableau ressemble plus au Kuru qu'à la forme sporadique).
4. Nouveau variant.
Ce nouveau variant (vMCJ) est la seule forme qui soit liée à l'encéphalopathie spongiforme bovine ; les dix premiers cas ont été annoncés en 1996 par les Britanniques. « Cliniquement, explique J.-Ph. Brandel (1), le début est marqué par des troubles du comportement, des douleurs ou des dysesthésies des membre inférieurs qui précèdent l'apparition de l'ataxie cérébelleuse et du syndrome pyramidal. Les myoclonies sont discrètes ou absentes. »
« Le diagnostic de probabilité repose sur la détection de la PrPres sur un fragment d'amygdale pharyngée et sur la présence à l'IRM d'hypersignaux situés dans les noyaux postérieurs du thalamus. » Il n'y a pas de mutation sur le gène PRNP ; les patients sont tous (jusqu'à présent) homozygotes Met/Met sur le codon 129.
L'âge moyen du début des troubles, poursuit le spécialiste, est de 30 ans et la durée moyenne d'évolution de 15 mois. Le diagnostic de certitude (comme pour les autres formes) n'est qu'histologique.
« Cette forme est particulière par la répartition préférentielle des lésions dans les structures cérébrales profondes et l'aspect particulier des plaques de PrP qui sont de type Kuru, entourées de spongiose ("plaques florides"). L'aspect et l'abondance de ces plaques sont caractéristiques du vMCJ. Cet aspect n'a jamais été observé dans les autres formes. »
(1) Communication aux Entretiens de Bichat.
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