DE NOTRE CORRESPONDANTE
DIX POINTS D'AVANCE dans les intentions de vote, selon les deux enquêtes d'opinion de CSA et de l'IFOP publiées. Le sénateur-maire sortant de Lyon Gérard Collomb (PS) disposerait donc d'une avance confortable sur son concurrent Dominique Perben (UMP).
Pour autant, l'équipe socialiste qui compte deux grandes figures de la médecine lyonnaise – Jean-Louis Touraine, premier adjoint au maire, spécialiste en immunologie, tête de liste dans le 8e arrondissement, et le cancérologue Thierry Philip, vice-président de la santé et au sport à la Région Rhône-Alpes, tête de liste dans le 3e -, dit garder la «tête froide». L'heure n'est pas encore «au satisfecit», comme l'expliquent les deux candidats médecins qui, l'un comme l'autre, continuent de labourer le terrain avec la constance du jardinier.
Le « tombeur » de Jean- Michel Dubernard.
Pour Jean-Louis Touraine, 62 ans, « tombeur » surprise du Pr Jean-Michel Dubernard aux législatives de 2007, l'affaire semblerait quasiment dans la poche même s'il s'en défend avec véhémence : «Une élection n'est jamais perdue ou gagnée d'avance, le travail d'explication se poursuivra donc jusqu'au jour du scrutin.» Dans son arrondissement, celui des hôpitaux de Lyon, il bénéfice d'une bonne assise auprès des habitants. Pour ceux-ci, il est clairement admis qu'en cas de victoire du PS, les candidats Touraine et Collomb seront reconduits dans leurs fonctions actuelles et respectives de premier adjoint au maire de Lyon et maire du 8e arrondissement. «Pour l'emporter, il faut se battre, certes sur son arrondissement, mais surtout pour la ville», affirme Jean-Louis Touraine « car les gens veulent influer sur l'élection du maire.» En l'occurrence, les ambitions de Gérard Collomb pour la ville s'annoncent hautement philanthropiques. A l'issue d'un mandat centré sur le développement économique et les chantiers, le maire sortant propose désormais un projet «humain» et fait de l'environnement «une priorité». Ce qui ne manque d'ailleurs pas de susciter la critique des administrés sur ce dernier point. Si bon nombre de Lyonnais apprécient particulièrement l'installation des Vélov' ou l'aménagement des berges du Rhône, ils sont autant à déplorer une faible politique de transport en commun. «Une réalité à laquelle MM.Collomb, Touraine et consorts sont peu confrontés puisqu'ils ont une voiture avec chauffeur pour les véhiculer», ironise un spécialiste, exerçant au centre hospitalier Lyon-Sud, groupement des Hospices civils de Lyon particulièrement mal desservi. Et puis « l'humain » au coeur du programme socialiste n'aurait pas convaincu certains proches partisans comme Patrice Schoendorff. Ce médecin psychiatre, universitaire et membre de la Gauche moderne, indique avoir été plutôt séduit par le programme de Perben. «Le fait de contribuer à promouvoir la diversité et favoriser l'intégration des communautés dans la vie lyonnaise est important», expliquait-il le 24 janvier dernier. «Or je ne suis pas certain que cette ouverture d'esprit soit présente au sein de l'équipe municipale actuelle.» Et pan sur le bec !
La partie s'annonce plus ardue pour l'autre grande figure de la médecine lyonnaise, Thierry Philip, qui va non seulement affronter l'un des arrondissements les plus conservateurs de Lyon, le 3e, mais le candidat Perben lui-même. L'optimiste reste toutefois de rigueur : «Tout se passe bien pour l'instant», se rassure Thierry Philip. «Si je compare la situation actuelle avec celle des législatives de juin», poursuit le cancérologue, «je constate qu'en faisant du porte-à-porte, j'en suis désormais réduit à sourire alors qu'en juin un bon tiers des habitants nous claquait la porte au nez.» Autre atout avancé par le candidat du PS : «J'ai un adversaire fuyant que je ne vois jamais, dont on ne sait pas s'il est intéressé par le 3earrondissement et s'il veut en être maire.» De son projet, qui sera détaillé en février, on connaît déjà les grandes lignes : renforcer les liens et l'entraide au bénéfice des personnes âgées, ouvrir des crèches, rénover les écoles et les terrains de sport et surtout améliorer la sécurité, «car la première des libertés, c'est la sécurité». Et quand bien même, assure-t-il, qu'au mot «sécurité» il souhaite accoler celui de «tranquillité», cette dernière petite tirade de campagne lui a déjà valu quelques bonnes volées de bois vert. De la part de ses pairs comme de ses adversaires. «Cette idée est scandaleuse», résumait ainsi Pierre Gandonnière, rédacteur et président de la société des rédacteurs (SDR) de l'hebdomadaire « Lyon Capitale ». Et d'argumenter : «Peut-on ignorer que partout dans le monde, chaque fois qu'on monte d'un cran le niveau de sécurité, on diminue d'autant le niveau des libertés ? Les deux notions sont exactement en corrélation négative.»
Une généraliste sur la liste UMP.
A moins de quarante jours des élections, tous les coups sembleraient à présent permis. L'UMP qui n'est pas parvenue à conclure d'alliance avec les centristes, tente de mobiliser ses troupes pour rattraper son retard sur le maire sortant. Des troupes un peu disparates au sein desquelles le PS s'est empressé de pointer des «erreurs de casting». Ce fut ainsi le cas pour Pierre Delacroix, dentiste, ex-noiriste devenu milloniste et tête de la liste Perben dans le 7e, alors qu'il ne voterait pas à Lyon. «Pierre Delacroix a construit toute sa vie professionnelle et humanitaire dans le 7e. C'est le signe de son attachement à cet arrondissement. Il y passe d'ailleurs le plus clair de son temps et a toujours joué, sur ce point et contrairement à d'autres, la transparence la plus totale», rétorque l'UMP. Au sein du mouvement, la candidature du Dr Nora Berra, spécialiste du VIH et responsable des affaires médicales dans un laboratoire pharmaceutique international, est particulièrement valorisée. D'autant plus qu'elle s'aventure sur le 8e arrondissement, fief du Pr Touraine. Sur ce terrain, l'engagement citoyen et associatif de cette généraliste de 44 ans, distinguée par le trophée « Femmes en action » organisé en 2007 par « Le Progrès » et « Télé Lyon Métropole », force pourtant l'admiration. Elue municipale dans la commune de Neuville-sur-Saône depuis 2001, Nora Berra pense que son histoire personnelle comme son expérience lui permettent de se «reconnaître dans chacun des habitants du 8earrondissement».
Au PS, on glose sur le fait qu'elle aurait d'abord cru que cet arrondissement était une banlieue lyonnaise. Il aurait été intéressant de connaître la version de l'intéressée, mais Nora Berra a choisi de ne pas répondre aux sollicitations du « Quotidien ».
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature