Le patron du Leem a tenu cependant à rappeler que le marché avait progressé de «0,7% sur l'ensemble de 2006 après dix années d'une croissance moyenne de 5,5%».
Au cours de cette réunion, il est longuement revenu sur le plan d'économies gouvernemental sur le médicament, et a rappelé en préambule que si «le médicament représente 20% des dépenses d'assurance-maladie, il contribue depuis trois ans à la réduction de son déficit à concurrence de 50%». Et le patron du Leem appuie là où ça fait mal : «Les 3milliards d'euros que l'on nous a piqués en trois ans, nous les aurions versés de bon coeur si cela avait servi à financer des mesures structurantes.» Invité à énumérer ce que seraient, selon lui, des mesures structurantes, Christian Lajoux ne s'est pas fait prier : «Il y a par exemple le Web-médecin, la rationalisation des ALD, la mise en place du DMP, la promotion de l'automédication, la rationalisation de l'hôpital, avec notamment un meilleur suivi des prescriptions internes et externes, ou encore les gros conditionnements.»
Doute sur la franchise.
Des gros conditionnements que Christian Lajoux semble garder en travers de la gorge. Voici deux ans, Xavier Bertrand, alors ministre de la Santé, avait demandé aux industriels d'adapter leur chaînes de production aux gros conditionnements (plus économiques pour l'assurance-maladie). «Mais il n'ont jamais accédé à l'officine, ajoute Christian Lajoux, car les pharmaciens n'en ont pas voulu, à cause des moindres marges. Si bien qu'il y a aujourd'hui 170millions d'économies potentielles qui dorment dans nos stocks, et qui seront bientôt périmés.»
La franchise de 50 centimes par boîte de médicament envisagée par le gouvernement est-elle à même de responsabiliser les patients ? Peut-être, répond Christian Lajoux d'un air dubitatif, «mais faisons attention que cela ne provoque pas de retards dans l'accès aux soins. Nous aurions préféré une franchise à la ligne de prescription, au-delà de la deuxième ou de la troisième ligne».
Quant au tiers payant contre génériques, cette mesure n'est pas, pour le patron du Leem, «le signe d'une grande maturité des relations conventionnelles entre l'Uncam et les pharmaciens. De plus, la moitié des génériques vendus en France sont fabriqués ailleurs. Cette mesure accélère la désindustrialisation du médicament en France». Mais le patron du Leem semble raisonnablement plus optimiste pour l'avenir immédiat, et notamment pour la préparation du Plfss (projet de loi de financement de la Sécurité sociale) 2008. Selon lui, «l'Ondam 2007 a été dépassé car il était calculé sur la base d'objectifs non réalistes». «Il y a manifestement une volonté gouvernementale de ne pas refaire ce qui a déjà été fait dans le passé, et de tenir compte des besoins de santé publique», ajoute-t-il.
Si bien que le Leem demande que le Plfss 2008 intègre une croissance des besoins de santé de l'ordre de «PIB+ 2points», c'est à dire 4 %. «C'est une idée qui fait son chemin, ajoute Christian Lajoux, car une politique de réduction des coûts ne suffit pas à faire une politique de santé.»
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