Aux médecins libéraux encore choqués par les mesures surprises du démarrage de son mandat présidentiel, en 1995, le Jacques Chirac du printemps 2002, candidat à sa propre succession, avait non seulement demandé pardon mais aussi fait beaucoup de promesses.
N'était le cafouillage conventionnel des derniers mois, on serait tenté de dire qu'il les a en grande partie tenues et que les 85 % de médecins qui auraient voté pour lui au second tour (sondage IPSOS-« le Quotidien » publié dans notre édition du 29 avril 2002) en ont eu pour leurs bulletins.
Quels étaient les engagements du champion de l'UMP (alors Union pour la majorité présidentielle) ? Remettre à niveau les honoraires et en particulier accorder le C à 20 euros aux médecins généralistes. Supprimer les sanctions collectives et maîtriser les dépenses sur la base des bonnes pratiques professionnelles. Revoir le numerus clausus. Mettre en place des aides à l'installation d'un niveau suffisant.
Interrogé par « le Quotidien » en mars 2002, Jacques Chirac disait vouloir donner aux médecin « des signaux forts ». Il développait en plaidant pour « l'abrogation des mécanismes de sanctions collectives, qui ont fait la preuve de leur inefficacité », en se déclarant partisan de « l'ouverture de négociations conventionnelles sur les conditions d'exercice, et notamment sur les honoraires » et en affirmant vouloir porter son « attention (...) au problème de la démographie médicale, en particulier en zone rurale ». Il déclarait aussi sans ambages : « Il faut une politique de remise à niveau des honoraires dans le cadre d'une relance de la vie conventionnelle. Le développement des bonnes pratiques professionnelles et le passage du C à 20 euros doivent être au coeur des discussions ».
Le C à 20 euros, précisément, a été accordé dès le 5 juin 2002, avant les élections législatives. Les sanctions collectives ont été jetées aux oubliettes dans la loi de financement de la Sécurité sociale de 2003. Le numerus clausus a été relevé cette année de 8,3 % et le rapport Berland, remis à l'automne au ministre de la Santé, lui a suggéré de l'augmenter progressivement pour atteindre 8 000 en 2007. Le même rapport a tracé des pistes pour l'avenir de la démographie médicale et pour l'aide à l'installation en zones déficitaires.
Reste la question, de taille, de la réévaluation des honoraires des spécialistes. Etant donné le chemin pris depuis plusieurs mois par les négociations conventionnelles, dans le contexte difficile d'une assurance-maladie en déficit vertigineusement croissant, cette promesse de Jacques Chirac reste non tenue et fait tache dans un parcours presque sans faute.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature