EN CANCEROLOGIE, Amgen, par le ciblage de nouvelles protéines impliquées dans la biologie du cancer, avait développé jusqu’à présent des molécules visant à lutter contre les effets de la chimiothérapie ou de la radiothérapie (anémie, neutropénie…). On peut citer Kepivance (palifermin), un facteur de croissance humain qui a un effet protecteur sur les cellules épithéliales buccales et intestinales, Aranesp (darbépoétine alpha), et pour le traitement de l’anémie chez les patients adultes atteints de pathologies malignes non myéloïdes et recevant une chimiothérapie. En ce moment, Amgen met au point de nouvelles molécules qui agissent sur les processus tumoraux eux-mêmes et sur des anticancéreux proprement dits. Certains sont prometteurs, tel le panitumumab. C’est un anticorps monoclonal entièrement d’origine humaine dirigé contre le facteur de croissance épidermique (EGFr), une protéine qui joue un rôle majeur dans la transmission du signal des cellules tumorales. Cet anticorps monoclonal cible de nombreuses tumeurs solides, en interférant avec les signaux qui stimuleraient la croissance des cellules cancéreuses. Il présente l’avantage d’induire un minimum de réponses immunes, car il est d’origine humaine.
Cancer colo-rectal métastasé.
Une étude internationale, ouverte, de phase III, a montré que des résultats très prometteurs chez des patients atteints d’un cancer colo-rectal métastasé et qui ne répondent plus à une chimiothérapie classique incluant l’oxaplatine et l’irinotécan. Dans cette étude, 463 patients ont été randomisés pour recevoir soit une administration de 6 mg/kg toutes les deux semaines et des soins palliatifs, soit des soins palliatifs seulement. Il ressort que le panitumumab a réduit le taux de progression de la maladie de 46 % en comparaison des soins palliatifs seuls. Après six mois, quatre fois plus de patients traités par panitumumab environ avaient survécu et ne présentaient pas de progression tumorale (18 % contre 5 % avec les soins palliatifs seuls). A la 32e semaine, deux fois plus de patients traités au panitumumab avaient survécu et ne présentaient pas de progression tumorale (10 % contre 4 % avec les soins palliatifs seuls).
Taux de survie amélioré.
Les résultats intermédiaires de deux études de phase II sur le panitumumab chez des patients présentant un cancer colo-rectal métastasé ne répondant plus à une chimiothérapie classique ont été présentés à l’Asco ; ils montrent que l’activité antitumorale de cette molécule était indépendante des niveaux d’expression de l’EGFr.
Le panitumumab a amélioré les taux de survie et les taux de réponse comme dans l’étude précédente, «mais les tests sur les niveaux d’EGFr ne sont pas probablement capables d’identifier les patients qui peuvent bénéficier de ces traitements ciblés», a souligné le Pr J. Randolph Hecht, l’investigateur principal de l’une des études (Ucla, Los Angeles). «En clair, nous avons besoin de nouvelles voies, de nouveaux tests, pour décider à quels patients exactement s’adresse cette molécule ciblée.»
Les effets secondaires de ce traitement prometteur, le plus souvent rencontrés avec panitumumab, ont été des problèmes dermatologiques, des nausées, des diarrhées, de la fatigue, des douleurs abdominales.
D’après une conférence de presse des Laboratoires Amgen à Atlanta dans le cadre de l’Asco.
D’autres molécules en développement
D’autres molécules anticancéreuses prometteuses sont en développement chez Amgen. L’AMG 706, un inhibiteur oral multikinase, appartient à la famille des tyrosine kinases agissant sur l’angiogenèse et directement sur la croissance tumorale. Des essais sont en cours pour l’évaluer dans les GIST (Gastrointestinal Stromal Tumors), les cancers avancés de la thyroïde, du pancréas, du poumon non à petites cellules. Dans un essai de phase I sur des cancers avancés de la thyroïde (7 cas), qui a été présenté à l’Asco, l’activité antitumorale a été démontrée chez trois patients.
Un anticorps monoclonal humain, le denosumab, ciblant le facteur Rankl, médiateur essentiel de la phase naturelle de résorption du remodelage osseux en prévenant la formation, la fonction et la survie des ostéoclastes, fait l’objet d’essais pour retarder ou inhiber les métastases osseuses et traiter les pertes osseuses dans de nombreux cancers.
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