La protonthérapie est une technique de radiothérapie prometteuse pour l’irradiation des tumeurs cérébrales en pédiatrie. « La distribution de la dose obtenue avec les faisceaux de protons permet de réduire l’exposition des tissus sains environnant la tumeur, et d’espérer ainsi une moindre toxicité à long, explique le Dr Claire Alapetite, radiothérapeute en oncologie pédiatrique à l’Institut Curie, actuellement seul centre en France de protonthérapie prenant en charge les enfants. Mais pour l’instant, nous n’en sommes qu’au début de la démonstration clinique. »
C’est ce que fait une équipe du Massachusetts General Hospital avec la publication dans le « Lancet Oncology » rapportant les premières données d’efficacité et de toxicité de la protonthérapie dans le médulloblastome du grand enfant. Le médulloblastome est la tumeur maligne cérébrale la plus fréquente chez l’enfant. Dans cette étude prospective chez 59 enfants âgés de 3 à 21 ans, avec un suivi médian de 7 ans, la survie apparaît comparable à celle de la radiothérapie conventionnelle et la toxicité acceptable, pour laquelle l’ototoxicité, d’apparition plus précoce, était le critère de jugement principal.
Aujourd’hui, aucun pays ne possède les équipements de protonthérapie permettant de traiter tous les enfants atteints de médulloblastome, poursuit la radiothérapeute. Cette capacité restreinte impose de poser les indications de façon concertée, au niveau national et international. Le consensus est de donner la priorité aux enfants, qui représentent actuellement en moyenne, 30 % des cas pris en charge en protontherapie. Dans le cadre du medulloblastome, dans le contexte des capacités et des techniques actuelles en France, ce sont les plus jeunes enfants, chez lesquels le tissu cérébral est en plein développement, et qui ont déjà reçu une chimiotherapie, que la protontherapie est utilisée pour contrôler le lit tumoral localisé à la région du cervelet et minimiser les risques de toxicité supplémentaire.
Un centre à Curie
Dans l’année à venir, les développements de la technique du Pencil Beam Scanning, vont permettre en France de débuter la protontherapie de l’irradiation cérébrale et de l’axe medullaire qui font partie intégrante du traitement du medulloblastome à partir de l’âge de 5 ans.
Si aujourd’hui les grands enfants ayant un médulloblastome sont bien traités « avec les avancées techniques de la radiothérapie par rayons X, il y a fort à penser que la protonthérapie puisse aussi leur être bénéfique en terme de toxicité immédiate et tardive, cérébrale et extra-cérébrale (cochlée, hypophyse, cœur, poumon, estomac).
Le centre de protonthérapie de l’Institut Curie, situé à Orsay, traite des enfants depuis 1996. C’est depuis 2005, avec la possibilité de traitement sous anesthésie générale, que les indications ont été étendues aux plus jeunes enfants. « Outre le médulloblastome du tout petit, sont actuellement retenues les indications dans lesquelles l’optimisation de la protection des tissus sains est au premier plan. En particuler le crâniopharyngiome, les gliomes de bas grade, les épendymomes, les tumeurs sus-tentorielles bien limitées, les rhabdomyosarcomes. Au cours de l’année 2015, 78 enfants ont été traités en protonthérapie au centre de Curie », a indiqué le Dr Rémy Dendale, chef du service de radiothérapie à l’Institut Curie.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature