Intégrer le sanitaire, le médico-social et le social

Les projets pilotes de la Grande-Bretagne

Publié le 06/11/2014
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La France n’est pas le seul pays à réfléchir aux différents moyens d’améliorer le parcours de soins. Pour y parvenir, plusieurs pays misent sur une intégration entre les structures sanitaires, médico-sociales et sociales. Il s’agit là d’un « défi qu’essaie de relever la majorité des systèmes de santé, caractérisés par leur fragmentation entre les soins ambulatoires et les soins hospitaliers d’une part, et entre les secteurs sanitaire, médico-social et social d’autre part », souligne une note de synthèse (1) publiée en septembre par la Haute autorité de santé (HAS).

Ce processus d’intégration suscite notamment un large intérêt en Angleterre. Sous l’impulsion du National Health Service (NHS), seize projets pilotes de soins intégrés ont été menés dans le pays entre 2009 et 2011. Ces projets concernaient des personnes âgées, des patients souffrant de diabète, de maladies cardiovasculaires ou de pathologies pulmonaires ainsi que des personnes atteintes de démences.

Une évaluation a été réalisée par le l’organisation Rand Corporation, le cabinet Ernst-Young et l’université de Cambridge. Elle montre que les professionnels ont tiré un bilan plutôt positif de ces projets pilotes : 54 % ont estimé que ces expérimentations ont permis d’améliorer la qualité des soins. Un sentiment qui, toutefois, n’a pas semblé être partagé par les patients visiblement moins convaincus de l’intérêt de cette approche.

Le cas « Torbay »

Un de ces projets pilote a été conduit dans la ville de Torbay qui a une expérience assez ancienne de soins intégrés aux personnes âgées. Depuis 2004, ces soins sont délivrés par des équipes composées de professionnels du sanitaire et du social (coordinateurs de soins, infirmières, ergothérapeutes, kinésithérapeutes et travailleurs sociaux). L’objectif est d’améliorer la qualité des soins, d’en simplifier l’accès, d’améliorer les délais de prise en charge par des spécialistes et de réduire le nombre d’hospitalisations. Chaque équipe couvre une population de 25 000 à 40 000 personnes et est attachée à un cabinet de médecine générale.

Selon une étude, citée par la HAS, le nombre quotidien moyen de lits d’hospitalisation occupés a été réduit entre 1998-1999 et 2009/2010 de 750 à 502. La consommation quotidienne de lits d’urgence pour les personnes âgées de 75 ans et plus a été également réduite de 24 % entre 2003 et 2008 et de 32 % pour les 85 ans et plus. « Ces résultats vont de pair avec une augmentation de la consommation des services de soins à domicile », indique la HAS, en ajoutant que « l’approche développée à Torbay pourrait ne pas être totalement transférable dans un autre contexte. Le contexte local, notamment les interactions entre les personnes, les relations et les processus sont une variable clé ».

La HAS évoque aussi l’expérience de la ville de Bolton pour la prise en charge des patients diabétiques. Ce programme, initié en 1995, s’appuie sur une collaboration étroite entre une équipe de spécialistes de santé basée au Centre pour diabétiques de Bolton, l’hôpital local et les généralistes. « Il s’agit d’un exemple de parcours de soins intégré pour patients diabétiques sans rupture ou duplication avec l’avis rapide d’un spécialiste (…). En 2005-2006, Bolton est la ville avec le nombre le plus faible de lits par personne diabétique dans l’ensemble de la région de Manchester », souligne la HAS.

(1) « Comment réaliser l’intégration territoriale des services sanitaires, médico-sociaux et sociaux ? »

A. D.

Source : Le Quotidien du Médecin: 9363