Le diagnostic porté lors de l'examen d'un frottis ne peut être précis que si les cellules sont effectivement collectées à partir du col et transférées sur la lame d'examen. Une erreur d'échantillonnage peut être commise lors de ces deux étapes initiales ; elle doit être distinguée des erreurs de dépistage pouvant survenir lors de l'examen de la lame. Ces deux erreurs contribuent à réduire la sensibilité du frottis conventionnel.
Des publications récentes suggèrent que la sensibilité du frottis se situe entre 50 et 60 %, avec un rapport erreurs d'échantillonnage/erreurs de dépistage de 2/1.
La procédure de recueil en milieu liquide permet de réduire ces deux types d'erreur : les cellules disponibles pour l'examen sont plus nombreuses lorsque l'ustensile de prélèvement est rincé dans une solution que lorsqu'il est frotté sur lame. En outre, les cellules étant rapidement fixées, puis déposées en couche mince sur la lame d'examen, leurs caractéristiques morphologiques sont mieux préservées et facilement visibles.
Les performances des différentes techniques de frottis en suspension diffèrent cependant en fonction du matériel de prélèvement, du type de fixation, de la méthode de dispersion des cellules dans la solution, et de la façon dont les cellules sont ensuite collectées et déposées sur la lame. L'utilisateur devra donc se référer aux données de la littérature et aux caractéristiques des produits approuvées par les autorités de tutelle.
En réduisant le chevauchement des cellules et la présence de débris, le dépôt en couche mince facilite l'informatisation des images microscopiques. Des appareils sont même proposés pour identifier les lames ne nécessitant aucun examen et d'autres pour repérer les cellules dignes d'intérêt (dépistage assisté par ordinateur). Les avantages potentiels de ces nouvelles techniques sont évidents : diminution de la fatigue de l'examinateur et de la fréquence des erreurs de dépistage, augmentation du nombre de lames examinées et identification d'anomalies morphologiques qui auraient échappé à l'examen conventionnel.
L'examen morphologique reste la pierre angulaire
Le National Institute for Clinical Excellence du Royaume-Uni et l'Agency for Health Care Policy Research des Etats-Unis ont récemment financé une revue critique des données publiées, parfois contradictoires en raison de différences méthodologiques. Selon la conclusion globale de cette revue générale, le frottis en suspension liquide présente un bon rapport coût/efficacité et doit être préféré au frottis conventionnel. Comme mentionné ci-dessus, la capacité de détection des lésions précancéreuses par les différentes méthodes de frottis en suspension liquide disponibles doit toutefois être prise en considération.
L'examen morphologique de cellules collectées au niveau du col reste la pierre angulaire du dépistage du cancer cervical. Le frottis en suspension liquide corrige les limites du frottis conventionnel, améliore la détection des lésions cervicales et facilite l'utilisation d'autres technologies telles que l'imagerie informatisée et la recherche simultanée de micro-organismes (notamment les HPV). Le dépistage peut être amélioré par les techniques de frottis en suspension liquide ayant démontré leur efficacité dans la détection des lésions précancéreuses du col, par exemple le ThinPrep Pap Test (Cytyc Corporation, Boxborough, MA, Etats-Unis). D'autre techniques de frottis liquide ont été présentées lors de la conférence (Tripath...).
Orientation des recherches futures
Il existe deux domaines de recherche immédiate :
- l'apport des techniques d'imagerie informatisée, qui devraient permettre d'accroître le nombre d'anomalies morphologiques identifiées. Des données présentées lors d'EUROGIN 2003 montrent que le ThinPrep Imaging System améliore le taux de dépistage et la précision de l'examen ;
- les performances des techniques de biologie moléculaire associées au frottis en suspension liquide (test HPV en cas de lésion ASC-US ou association d'emblée du frottis et du test HPV).
D'autres recherches seront nécessaires pour préciser les relations entre les anomalies morphologiques et la présence intracellulaire d'HPV. L'élucidation des altérations moléculaires provoquées au niveau cellulaire par l'infection à HPV serait également d'un grand intérêt.
La prévention du cancer du col est possible mais les conditions requises pour atteindre cet objectif à l'aide du dépistage sont nombreuses : coordination des ressources, partage de l'information, compliance des patientes, formation des professionnels effectuant le dépistage et des cliniciens devant réagir aux résultats. L'apport des nouvelles technologies doit être évalué en mesurant leur sensibilité, leur spécificité, leur rapport coût/efficacité et leur impact sur la qualité de vie des patientes.
Rapporteurs : E. McGoogan et J. Linder (Etats-Unis).
Bibliographie:
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Belinson J et al. Shanxi province cervical cancer screening study: A cross-sectional comparative trial of multiple techniques to detect cervical neoplasia. « Gyn Oncol » 2001 ; 83 : 439-444.
Bernstein SJ et al. Liquid-based cervical cytologic smear study and conventional Papanicolaou smears: a metaanalysis of prospective studies comparing cytologic diagnosis sample adequacy. « Amer J Obst Gyneco »l 2001 ; 185 : 308-317.
Limaye A et al. Comparative analysis of conventional Papanicolaou tests and a fluid-based thin-layer method. « Arch Pathol Lab Med » 2003 ; 127 : 200-204.
National Institute for Clinical Excellence report on Liquid Based Cytology. www.nice.org.uk
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