LES PROFESSIONS libérales passées au crible : une vaste enquête effectuée au printemps 2006 sous l’égide de l’Union nationale des professions libérales (Unapl), confiée au Centre de sociologie et de démographie médicales (Csdm), permet d’y voir plus clair dans le paysage de huit corps de métier, dont celui des médecins (1). Cette étude sera présentée aujourd’hui au 20e Congrès de l’Unapl. En voici les principaux résultats.
Exercice, projets d’embauche
Si les notaires et les biologistes pratiquent très majoritairement (80 %) dans le cadre d’une société professionnelle, l’exercice des médecins libéraux se révèle très équilibré : 56 % d’entre eux travaillent «en structure» (sociétés civiles de moyens – SCM – choisies par le tiers des effectifs, mais aussi sociétés d’exercice libéral – SEL – ou autres) et 53 % «en solo», généralement sous la forme d’une entreprise individuelle (EI) traditionnelle (à noter que la pratique en multi-exercice conduit à dépasser 100 %).
Même parmi les professionnels qui exercent en solo (cabinet personnel), l’enquête relève un «recul» de l’exercice totalement isolé (c’est-à-dire sans aucun personnel salarié, ni collaborateur libéral, ni auxiliaire). Un tiers des médecins qui ont un exercice libéral en cabinet personnel ont déjà au moins un salarié. Seulement 4 % des médecins en solo prévoient d’embaucher du personnel salarié dans les douze prochains mois, 2 % envisagent de s’adjoindre un collaborateur libéral et 8 % cherchent un confrère associé. Au total, 14 % des médecins en cabinet personnel ont l’intention d’augmenter les ressources humaines de leur entreprise, soit par le salariat, soit par l’association. Une proportion de projets qui reste beaucoup plus faible que pour les autres professions libérales : 25 % des architectes, 33 % des avocats et 66 % des notaires qui exercent en cabinet personnel sont en quête de confrères associés ou de collaborateurs.
La place du salariat partiel
Si le recours à un salariat partiel (parallèlement à l’activité libérale) est de très faible importance pour l’ensemble des professions interrogées, les médecins libéraux font exception : 26 % d’entre eux cumulent du salariat et de la pratique libérale (deux fois plus que les experts-comptables, quatre fois plus que les dentistes…). La tradition de «la blouse à l’hôpital» reste ancrée.
Proportion élevée de seniors
L’examen de la pyramide des âges montre que les professions les plus jeunes sont les avocats (28 % ont moins de 35 ans), les chirurgiens-dentistes et les architectes. Les médecins se retrouvent «à l’autre bout de l’échelle», avec seulement 4 % de praticiens de moins de 35 ans, mais un sur deux dépassant 51 ans.
Durée de travail: stakhanovistes au pays des 35heures
Il a été demandé à chaque professionnel d’estimer la durée hebdomadaire de son exercice libéral. Près de quatre médecins sur dix déclarent travailler «plus de 55heures par semaine» (voir tableau) . Un sur cinq dit travailler moins de 40 heures. L’enquête a tenté de saisir la perception par les professionnels de leur charge de travail au regard de leur clientèle. Constat spectaculaire, 75 % des médecins estiment leur clientèle «suffisante ou trop nombreuse» (39 % des avocats seulement). Avec les chirurgiens-dentistes et les notaires, les médecins font partie du groupe de professions qui se déclarent le plus «surchargées de travail» (même si ce trait est commun à tous les libéraux) . Une situation peu surprenante dans un contexte de démographie déclinante, mais qui affecte aussi bien la formation professionnelle continue (les deux tiers des médecins déclarent manquer de temps pour la FMC) que leur vie familiale (69 % voudraient davantage de temps pour s’y consacrer). Ce n’est sans doute pas un hasard si un médecin sur cinq envisage de réduire son activité professionnelle ou de la transmettre dans les trois prochaines années.
Sociétés d’exercice: petites structures chez les médecins
Un chapitre de l’enquête passe en revue les sociétés d’exercice professionnel. La dimension des entreprises est extrêmement variable selon les libéraux. Les structures ayant un personnel salarié «restreint» (un ou deux salariés au maximum) se rencontrent surtout en chirurgie dentaire, en médecine (40 % des sociétés) et en architecture, alors qu’elle sont très rares chez les experts-comptables, les notaires et les biologistes.
Entraves à l’embauche
Interrogés sur les principaux obstacles ou freins à l’embauche du personnel salarié (plusieurs réponses possibles), les médecins libéraux citent en priorité «la lourdeur des charges patronales» (79 %), la «complexité des démarches administratives» (37 %) et le «manque de personnel qualifié» (22 %).
(1) « Les professions libérales et la création d’emploi ». Questionnaire envoyé le 2 mars 2006 à huit professions libérales : agents généraux d’assurance, architectes, avocats, biologistes, chirurgiens-dentistes, experts-comptables, médecins et notaires. Echantillon d’environ 500 praticiens pour chaque profession, soit un effectif total de 4 000 professionnels libéraux contactés. Taux de réponse global : 34 %. Taux de réponse pour les médecins : 38,1 %.
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