ILS S'Y SONT MIS à sept pour dénoncer le «sous-financement» de la prise en charge du grand âge et de la dépendance. L'Association nationale des hôpitaux locaux (ANHL), la Conférence nationale des directeurs généraux de CHU, la Conférence nationale des directeurs de centres hospitaliers, la Conférence nationale des directeurs d'EHPAD, le Comité national des retraités et personnes âgées (CNRPA), la Fédération hospitalière de France (FHF) et le Syndicat national de gérontologie clinique se sont en effet réunis pour mettre en relief «un paradoxe permanent depuis quelques mois» : «Alors, expliquent-ils tous ensemble, que les annonces envers les personnes âgées se multiplient, les moyens réellement accordés ou prévus pour ce secteur restent notoirement insuffisants.»
Le budget programmé pour 2008 est un exemple de ce hiatus, qui, dénoncent les sept organisations, «va entraîner l'arrêt du renforcement nécessaire des effectifs de personnels soignants dans les maisons de retraite, alors même que les prises en charge des résidents sont de plus en plus lourdes, du fait des pathologies Alzheimer en particulier». L'effet boule de neige est imparable : «Cela va se traduire par une diminution du temps de soins au lit du résident et accentuer la pénibilité du travail pour les personnels au détriment de la qualité du service et de la “bientraitance” des personnes âgées hébergées dans ces établissements.» Concrètement, les points sont mis sur les « i » : «Avec en moyenne 0,4 agent par résident, les toilettes et les repas ne peuvent être réalisés dans des conditions de qualité attendue» – l'objectif affiché par les pouvoirs publics est de 1 agent pour 1 résident.
Budgets bloqués.
Evoquant le plan Solidarité grand âge et le futur plan Alzheimer, Gérard Vincent, délégué général de la FHF, enfonce le clou : «Le gouvernement annonce des mesures qu'il ne peut financer, c'est inacceptable.»«On commence à parler de non-remplacement d'aides-soignantes», confirme, pour sa part, Jean-Marie Vatel, président du Syndicat national de gérontologie clinique.
Les professionnels expliquent que la médicalisation de plus en plus importante des maisons de retraite, qui accueillent aujourd'hui une majorité de personnes très dépendantes, a alourdi la part du personnel soignant dans le budget des établissements. Ils soulignent aussi le fait qu'un grand nombre de conventions tripartites n'ont pas été signées en cette fin d'année 2007, certains conseils généraux ayant des difficultés à acquitter les financements des aides-soignantes. Résultat, affirme Andrée Barreteau (FHF), «des budgets sont bloqués en 2008 et des personnes âgées sont pénalisées». Le financement et la revalorisation du métier d'aide-soignant est un des enjeux importants des politiques de la dépendance, souligne Andrée Barreteau, qui rappelle que «30 à 40% des effectifs partiront à la retraite dans les six à sept années à venir».
Les sept organisations demandent au gouvernement de financer les crédits du plan Solidarité grand âge 2008, «soit 850millions d'euros», de renforcer la prise en charge des personnels soignants dans les maisons de retraite en assurant leur financement (estimé à 400 millions d'euros), et de préciser les crédits attribués au plan Alzheimer, sachant que «les franchises médicales seront très insuffisantes» pour le financer.
> Karine Piganeau
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature