Pour Jacques Preignault, président du Centre national des professions de santé (CNPS, qui représente 23 syndicats), l'accord conclu avec les médecins « ne doit pas occulter les nécessaires remises à niveau des honoraires des autres professions de santé, en particulier ceux des orthoptistes ». « Le dialogue social reprend, je ne peux que m'en réjouir », nuance Jacques Reignault, même si le financement de l'accord pose « une difficulté supplémentaire » à l'assurance-maladie.
L'accord du 5 juin a été plutôt bien accueilli par la majorité des syndicats de professionnels de santé.
• Les infirmières
La Fédération nationale des infirmières (FNI) « félicite » les médecins généralistes. Elle juge leur accord « historique » dans la mesure où « les caisses d'assurance-maladie ont admis que les professionnels de santé n'acceptent plus d'être taillables et corvéables à merci, sans contreparties financières significatives », estime la FNI. Or la FNI réclame justement une « rémunération significative des contraintes d'exercice de la profession (infirmière) », depuis qu'elle a dénoncé, en décembre 2001, la convention nationale des infirmières et refusé de signer l'accord tarifaire de février 2002, contrairement à Convergence Infirmière (CI).
CI a pour sa part « pris acte » de la revalorisation du C à 20 euros. « On aimerait, comme les généralistes [pour lesquels un premier accord avait été signé par MG-France le 24 janvier, NDLR] , pouvoir renégocier avec l'assurance-maladie », précise la présidente de Convergence infirmière, Annick Touba.
Quant à la Coordination infirmière libérale, qui revendique une « revalorisation complète de la profession », elle a décidé de passer à l'acte le 17 juin avec des « actions régionales et locales ». La veille de l'accord conclu avec les médecins, la Coordination infirmière libérale se déclarait déjà scandalisée par le fait que « le gouvernement accroît les inégalités entre les professions libérales » en ne « parlant que de l'augmentation tarifaire des médecins ».
• Les chirurgiens-dentistes
Pour la Confédération nationale des syndicats dentaires (CNSD), tous les accords conclus avec l'assurance-maladie doivent être appliqués, y compris celui passé en 1997 avec les chirurgiens-dentistes, que Martine Aubry a abrogé en 1998, lorsqu'elle était ministre de l'Emploi et de la Solidarité. « On a tout essayé, maintenant, on prend nos responsabilités en demandant depuis le 1er juin l'application unilatérale du doublement des honoraires pour les soins de caries dentaires (de 21,30 euros à 42,60 euros), sachant très bien les risques de sanction encourus et l'effort financier demandé aux patients », explique le président de la CNSD, le Dr Jacques Reignault. Constatant que les soins conservateurs n'ont pas été revalorisés « depuis six ans » et que « personne ne veut prendre les mesures préconisées par le rapport Yahiel pour des raisons économiques », le Dr Reignault se demande « quelle place » les pouvoirs publics veulent donner au dentaire dans le panier de soins remboursables global.
Eric Verdier, vice-président de l'Union des jeunes chirurgiens-dentistes (UJCD), se dit « satisfait de ce que l'accord des généralistes ait pu se faire dans le cadre conventionnel, avec l'aval du gouvernement », mais relève qu'il « ne règle pas le problème de la réforme du système de santé ». Il rappelle que, pour sa profession, la revalorisation de la valeur d'un acte ne suffira pas, puisqu'il faut « repenser la chirurgie dentaire conventionnelle » en s'attaquant notamment au « problème de l'accès aux soins », comme le soulignait le rapport Yahiel.
• Les biologistes
Le président du Syndicat des biologistes (SDB), Jean Benoît, « se réjouit » pour les médecins généralistes, mais espère toutefois « que les syndicats de médecins ne joueront pas "perso" et que, dans l'avenir, ils se préoccuperont plus des autres professionnels de santé ». « L'interprofessionnalité est indispensable », rappelle-t-il, alors que l'on « retire aux biologistes une petite partie d'activité » en confiant aux généralistes l'utilisation des tests angines.
Le Syndicat national des médecins biologistes (SNMB) souligne d'ailleurs qu'en acceptant ce nouveau dispositif de dépistage dans les cabinets médicaux les biologistes « ont joué un rôle dans les économies » prévues par l'accord du 5 juin, « dans un sens de responsabilité et de santé publique ». L'accord des généralistes est « complètement justifié » et crée « une dynamique très importante », déclare le Dr Claude Cohen, président du SNMB.
La revalorisation des tarifs des biologistes est acquise depuis que le ministre de la Santé a promis d'agréer l'accord conclu en mars avec les caisses d'assurance-maladie, prévoyant une hausse de la lettre clé B de 0,26 à 0,27 euro.
• Les kinésithérapeutes
Les deux syndicats représentatifs des masseurs-kinésithérapeutes se déclarent satisfaits de l'accord obtenu par les médecins généralistes. « Cet accord passé aurait dû être conclu bien avant », précise Jean-Jacques Magnies, président du Syndicat national des masseurs-kinésithérapeutes rééducateurs (SNMKR). « Tous les professionnels de santé sont dans le même bateau. Nous demandons nous aussi que nos honoraires soient revus à la hausse. » Malgré son coût, l'accord du 5 juin « n'est pas un boulet, mais au contraire un commencement, une prise de conscience », assure le président du SNMKR.
Le président de la Fédération française des masseurs-kinésithérapeutes rééducateurs (FFMKR), Jean-Paul David, affirme que son syndicat a un peu « suivi le même cheminement » que les généralistes. Après la baisse des tarifs des kinés en août 2000, la FFMKR « a repris la négociation avec un engagement de maîtrise médicalisée et, en contrepartie, a obtenu une restauration des tarifs [lettres clés AMK-AMS-AMC rétablies à 2,04 euros, NDLR] et une nouvelle nomenclature ».
Le FFMKR et le SNMKR voient dans la revalorisation de la visite à domicile des médecins une bonne occasion pour demander l'augmentation des indemnités de déplacement des kinés. La FFMKR « est prête à insister un petit peu » sur ces frais de déplacement et sur les avantages sociaux conventionnels « dans le cadre de la négociation du socle interprofessionnel » (premier étage de la nouvelle architecture conventionnelle prévue par la loi du 6 mars 2002). Le SNMKR souhaite une hausse de l'indemnité forfaitaire de déplacement (IFD) de 1,83 euro à 3,81 euros (25 F), « un geste qui coûterait 200 millions de francs », soit environ 30,5 millions d'euros, pour les sept mois restants de l'année 2002.
• L'industrie pharmaceutique
Le Syndicat national de l'industrie pharmaceutique (SNIP) rappelle, à l'occasion de la « légitime revalorisation de la rémunération des médecins », son « soutien ferme au développement des génériques, comme corollaire indispensable du financement de l'innovation thérapeutique ». Les entreprises du médicament donnent leur « plein accord pour une optimisation de la prescription des médicaments et pour un recours prioritaire à la démarche qualité comme moyen essentiel destiné à favoriser des économies », démarche qu'elles « appellent de leurs vœux depuis plusieurs années ».
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