L'ÉQUIPE londonienne de R. K. Cocker présente la plus grande étude prospective des effets du voyage aérien chez des patients souffrant d'une maladie respiratoire.
Les vols commerciaux s'effectuent à une altitude de 30 000 pieds (11 500 m), mais la pressurisation des cabines correspond à une altitude moyenne de 2 430 m, avec des variations pouvant aller jusqu'à 2 700 m. A ces altitudes, les passagers respirent une teneur en oxygène de 15 % et leur pression partielle alvéolaire en oxygène (Pa02) est réduite de 7 à 8,5 kPa (53-64 mmHg).
Cet effet, généralement limité (s'adressant à la partie plane de la courbe de la dissociation de l'oxygène), reste non perceptible chez le commun des mortels.
Cependant, lorsqu'il existe un déficit de la fonction respiratoire, l'exposition à cette atmosphère hypoxique n'est pas dénuée de risque potentiel, en particulier chez les personnes qui sont déjà hypoxémiques au niveau de la mer (dans ce cas, c'est la pente abrupte de la courbe de dissociation de l'hémoglobine qui est impliquée).
La British Thorax Society a publié des recommandations en 2002 et 2004 qui suggèrent que les adultes qui ont une saturation en oxygène de 95 % au repos plus un autre facteur de risque (comme un VEMS < 50 %) aient une évaluation des réactions à l'hypoxie. Ce qui a été préconisé en l'absence d'une notion claire du risque encouru.
C'est pour documenter ce risque que R. K. Cocker et coll. ont entrepris l'étude UK Flight Outcome Study, étude prospective multicentrique d'observation, pour examiner l'évolution des patients souffrant de maladie respiratoire lors d'un vol aérien et quantifier leur risque.
Voyage annulé pour 11 %.
Les patients suivis par un spécialiste des maladies pulmonaires et qui avaient le projet d'entreprendre un voyage en avion ont été recrutés. En deux ans (2004-2005), 616 patients ont été inclus et 81 % (500) ont retourné un questionnaire après leur voyage.
Ils ont un âge moyen de 61 ans (18-91 ans), et sont constitués de 325 hommes et 291 femmes.
Les diagnostics les plus fréquents portent sur des maladies des voies aériennes – asthme et BPCO (54 %) –, ainsi que des atteintes diffuses du parenchyme (23 %) hors sarcoïdose. Des examens avant le vol ont été prescrits : une oxymétrie (96 %), une spirométrie (95 %) ou une évaluation du syndrome d'apnée du sommeil, un test à l'hypoxie (45 %) et un test de marche (10 %).
On enregistre 11 % de patients qui n'ont finalement pas réalisé le voyage aérien sur conseil médical à la suite de l'évaluation, ce qui montre «une bonne prise en compte des problèmes potentiellement associés au vol». Le recours à des soins imprévus pour des troubles respiratoires est en moyenne de 9 % au cours des quatre semaines précédant le vol. Ce taux monte à 19 % dans les quatre semaines suivantes. Toutefois, lorsque l'on prend en considération les données rapportées par les patients eux-mêmes sur toute l'année qui a précédé le voyage, les consultations médicales ne se sont accrues que de 2 %.
Dyspnée en vol.
Dix-huit pour cent des patients ont rapporté une détresse respiratoire au cours du vol, mais d'intensité généralement légère. L'oxygène donné pendant le vol (500 personnes du groupe) est un marqueur de la sévérité du trouble respiratoire, mais non un indice d'une évolution péjorative. Le symptôme le plus fréquent est une aggravation de la dyspnée : les patients devraient en être prévenus. Une aggravation des douleurs de la poitrine chez 7 % de ces passagers conforte les recommandations : la comorbidité avec les maladies cardiaques doit faire l'objet d'une recherche et d'une évaluation avant le vol. Cette comorbidité peut augmenter le risque par comparaison à la maladie pulmonaire seule. On note qu'il n'y eut aucun épisode thromboembolique.
Au total, les vols aériens apparaissent sûrs pour les personnes qui souffrent d'une maladie respiratoire et qui ont subi auparavant une évaluation soigneuse.
« European Respiratory Journal », 2007, vol. 30, n° 6, pp. 1057-1063.
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