Parmi les problèmes oculaires rencontrés par la femme enceinte, sont banals :
- L'intolérance aux lentilles de contact, que l'on attribue à un certain degré d'œdème cornéen sous l'action de la progestérone. Le problème étant régressif après l'accouchement, il faut s'abstenir d'intervenir d'une quelconque manière (modifications des lentilles, chirurgie réfractive, etc.), mais conseiller le port des lunettes.
- Le ptosis palpébral, la pigmentation des paupières sont également deux phénomènes mineurs, régressifs après la grossesse.
Peuvent être inquiétants au cours de la grossesse :
- Le glaucome chronique à angle ouvert. La pression intraoculaire diminue pendant la seconde moitié de la grossesse et remonte dans les deux mois qui suivent l'accouchement. Le traitement du glaucome doit être réduit en conséquence. Sachant que les antiglaucomateux passent dans la circulation générale et atteignent le fœtus, il est utile d'apprécier le rapport bénéfice/risque, même si aucune action tératogène n'a été rapportée jusque-là.
- La toxoplasmose. « Il faut se souvenir que le risque fœtal n'existe qu'en cas de primo-infection et non pas lorsqu'il s'agit de kystes inactifs ou réactivés. » Donc, si la femme enceinte présente des foyers rétiniens congénitaux, les poussées de rétino-choroïdite toxoplasmique, dues à leur réactivation qui peuvent survenir pendant la grossesse, sont sans risque.
- La forte myopie. De très nombreuses publications ont montré que les efforts produits pendant les accouchements naturels ne s'associent pas à un risque de décollement de la rétine. Crainte qui fit des patientes très myopes des candidates à la césarienne pendant un certain nombre d'années.
Les complications oculaires d'une pathologie préexistante :
- Le diabète. Il existe un risque de progression, au cours de la grossesse, de la rétinopathie diabétique, qui a été évalué à 25 %. Les lésions de rétinopathie proliférante sont à faire traiter par laser. C'est à la fin du deuxième trimestre que le risque d'évolution est maximal, mais la rétinopathie peut continuer à évoluer jusqu'au post partum, ce qui signifie que la surveillance doit dépasser la période de la grossesse.
Quoi qu'il en soit, les risques d'évolution sont, comme chez tout diabétique, en relation avec l'ancienneté du diabète, son degré de contrôle métabolique et les chiffres de la TA.
- La pathologie thyroïdienne. Une maladie de Basedow peut s'aggraver au début de la grossesse ainsi que l'exophtalmie qui l'accompagne. « Mais il est très difficile de proposer une attitude thérapeutique du fait de l'amélioration possible de ces diverses manifestations au cours des deuxième et troisième trimestres de la grossesse . »
Chez la femme enceinte restent exceptionnelles :
- Au cours de la toxémie gravidique. L'HTA qui lui est associée peut être un facteur d'œdème de la tête du nerf optique et d'hémorragies rétiniennes. On peut observer au maximum un décollement séreux de la rétine, exsudatif et bilatéral, avec une baisse de l'acuité visuelle. Dans la majorité des cas, le trouble disparaît après la délivrance avec la régression de l'œdème.
Une cécité corticale survient parfois au cours de la toxémie gravidique, du fait de l'œdème cérébral dans le territoire vertébro-basilaire.
- La chorio-rétinopathie séreuse centrale. « C'est une pathologie de l'homme... ! », s'exclame l'auteur. « Le psychotique angoissé, mâle fumeur, cède au cours de la grossesse la place, au cours du troisième trimestre, au sexe opposé », poursuit-il. La baisse de la vision est unilatérale, la régression se fait en quelques semaines et il n'est pas nécessaire de mettre ces patientes sous corticothérapie.
- Les ischémies choroïdiennes dans le cadre d'une coagulopathie intravasculaire disséminée ont été décrites. Tous comme les hémorragies rétiniennes, elles sont exceptionnelles.
Communication de Henry Hamard, hôpital des Quinze-Vingts, Paris.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature