LES HASARDS du calendrier en ont voulu ainsi. Programmée de longue date, une table ronde réunissant hospitaliers et parlementaires à l'Assemblée nationale sur le thème d'« Hôpital 2007 » s'est tenue en même temps que la journée nationale d'action des sept syndicats mécontents. Les antiréforme étaient dans la rue ; logiquement, ce sont les promoteurs, les partisans - plus ou moins chauds - des projets de Jean-François Mattei qui se sont retrouvés à l'Assemblée. L'aréopage a fourni au ministre de la Santé une tribune idéale pour défendre son plan.
Un « défi ». Hôpital 2007, c'est quoi ? « Une sorte de défi, répond Jean-François Mattei ; il s'agit, en moins de cinq ans, de remettre l'hôpital debout. Mais, évidemment, il faudra ces cinq ans », s'empresse-t-il d'ajouter afin de calmer les impatients. Pour le ministre, cela ne fait pas un pli, avec Hôpital 2007, il donne à « l'hôpital désabusé (...) toutes les possibilités de retrouver sa cohérence et de sortir du désenchantement ». D'ailleurs, les signes du changement sont patents. « Les premières grues sont déjà là », s'enflamme le ministre en faisant allusion au volet « investissement » de son plan (10,2 milliards d'euros sur cinq ans). En matière de gouvernance, Jean-François Mattei campe sur ses positions. Ce vers quoi il tend, c'est « une organisation hospitalière plus autonome, plus responsable, avec des processus de décision plus cohérents, permettant une mise en œuvre de la stratégie de l'établissement au service des patients ». Il se donne « trois ans en tout, avec quelques mois d'expérimentation », pour y parvenir.
Le ministre estime qu'il n'y avait pas trente-six solutions pour réviser l'organisation interne de l'hôpital. Il évoque les différents rapports qui lui ont été remis sur le sujet et affirme : « Les faits sont têtus, les grandes lignes se recoupaient, s'imposaient. » Surtout, il revendique une large adhésion des professionnels. La gouvernance, dit-il, a été « validée par une très large majorité d'hospitaliers » (ce que contestent les syndicats non signataires de la nouvelle gouvernance).
« Une chance unique ». Les participants à la table ronde semblent, c'est vrai, en majorité acquis à « Hôpital 2007 ». Le président (UMP) de la commission des Affaires sociales, le Pr Jean-Michel Dubernard, se réjouit de « la formidable opportunité de réformer la gouvernance » qu'il représente. Benoît Leclercq, directeur du CHU de Nancy et coauteur, au printemps dernier, d'un rapport sur l'attractivité des CHU évoque « une chance unique qu'il ne faut pas rater ».
Cela n'empêche pas les uns et les autres d'exprimer des doutes, des inquiétudes ou des regrets, voire de mettre le ministre en garde contre des erreurs à ne pas commettre. René Couanau, député (UMP) d'Ille-et-Villaine, auteur, en mars dernier, d'un rapport parlementaire sur « le désenchantement hospitalier » ne tient pas pour acquise l'application d'Hôpital 2007. « Tout sera dans la mise en œuvre. Rappelons-nous que les textes précédents donnaient toute liberté aux hôpitaux de s'organiser », explique-t-il. Le Pr Guy Vallancien, qui a cosigné, en avril, un rapport remis au ministre sur « la modernisation des statuts de l'hôpital et de sa gestion sociale », rebondit sur cette inquiétude et presse le gouvernement : « Communiquons à toute vitesse, donnons des dead-lines, des bornes pour que les médecins puissent se sentir aidés. » Sur un autre registre, un directeur de CHU supplie les pouvoirs publics : « Attention aux décrets d'application. Laissez-nous de la souplesse. Il y a des diversités locales. » Le président de l'Intersyndicat des internes (l'Isnih), Pierre Loulergue, demande au ministre de ne pas perdre de vue la faible attraction qu'exerce l'hôpital sur les dernières générations : « Les jeunes médecins aiment l'hôpital, il faut nous donner d'urgence l'envie d'y travailler. »
Passant du critère d'âge à celui de la spécialité, le Pr Jacques Domergue, député (UMP) de l'Hérault, auteur, en février dernier, d'un état des lieux de la chirurgie, regrette qu'Hôpital 2007 « fasse un gros oubli en faisant abstraction de la chirurgie ». Car demain, martèle-t-il, « il n'y aura plus de chirurgie ». Enfin, le Dr François Aubart, président de la Coordination médicale hospitalière, insiste sur l'exigence de qualité dont Hôpital 2007 doit nécessairement être assorti. En matière de tarification, elle, et elle seule, permettra, affirme-t-il, de « ne pas confondre l'amélioration de la productivité avec le productivisme ».
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