La contraception en France

Les principales innovations de 2006

Publié le 25/04/2007
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Crédit photo : S. Toubon

par le Dr David Sarfaty (1)

En 2006, en France, les principales innovations en contraception pourraient se résumer ainsi :

En contraception orale, une nouvelle pilule estroprogestative a fait son apparition : Jasminelle® composée de 21 comprimés contenant chacun : drospirénone (Drsp) 3 mg et éthinylestradiol (EE) 20 µg. De plus, une pilule ayant la même composition, Yaz®, mais consistant en 24 comprimés actifs suivis de 4 comprimés placebo vient d'obtenir son agrément par la FDA aux Etats-Unis, non seulement en contraception orale, mais également dans le traitement du syndrome prémenstruel et dans celui de l'acné. Cela probablement du fait que la Drsp est un progestatif ayant des propriétés antiandrogéniques et antiminéralocorticoïdes.

 Toujours en contraception orale, il faudra noter la part de plus en plus importante des génériques. En 2006, près de 50 % des pilules estroprogestatives (EP) à base du progestatif désogestrel ont été des génériques. Quant aux pilules EP contenant un autre progestatif de 3e génération, le gestodène (GTD), elles ont représenté plus de 16 % du marche des EP au GTD. Il n'est pas douteux que les pilules génériques au GTD (arrivées en France en cours d'année 2006) soient nettement plus fréquemment prescrites en 2007.

 Toujours en contraception hormonale estroprogestative, la pilule continue de progresser, mais il faut également noter la progression nette de l'anneau vaginal EP (Nuvaring®) et celle, plus modeste, du patch EP Evra® (tableau 1).

 En contraception orale progestative, les micropilules progestatives pures (MPP) et en particulier la MPP contenant 75 µg de DSG (Cerazette®) sont de plus en plus prescrites, probablement du fait que l'Afssaps, l'Anaes et l'Inpes ont déclaré en 2004, après l'OMS, que ces contraceptifs sont à ranger parmi les méthodes efficaces de contraception.

 Toujours en contraception hormonale progestative pure, il faut noter la progression de l'implant progestatif au DSG (Implanon®), qui dépasse les 100 000 unités par an, faisant de la France le premier pays poseur de cet implant au monde. Cette tendance se confirmera sûrement en 2007 ou en 2008 avec l'arrivée de l'Implanon® radio-opaque (ce qui facilitera son retrait dans certains cas) et du nouvel inserteur d'Implanon® facilitant en principe l'insertion de cet implant.

 La contraception d'urgence progestative pure (NorLevo®) continue de progresser. Elle a dépassé le million d'unités en 2006 en France.

 En contraception intra-utérine, il faut noter l'apparition d'un nouveau dispositif intra-utérin au cuivre (DIU-Cu), le NT 380®, très voisin du Nova T 200®, mais plus dosé en cuivre et surtout d'une nouvelle gamme de DIU-Cu, la gamme Mona Lisa® consistant en 4 DIU-Cu identiques à ceux déjà disponibles. Il faut souligner que la commercialisation des DIU-Cu Mona Lisa® en France en 2006 s'est accompagnée d'une action humanitaire de promotion de la contraception intra-utérine dans certains pays d'Afrique.

En 2006, P. Thonneau (Inserm, Toulouse) a publié les résultats d'une étude française sur les facteurs de risque d'échec des DIU. Conclusions : ni les anti-inflammatoires ni aucun autre médicament ne sont facteurs d'échec de cette contraception. Le DIU au lévonorgestrel semble plus efficace que les DIU-Cu. Un antécédent d'expulsion de DIU serait un facteur d'échec de cette méthode.

 Quant au dispositif intra-utérin au lévonorgestrel (Mirena®), appelé désormais système intra-utérin au lévonorgestrel (SIU-LNG), sa progression continue d'être remarquable. Avec plus de 300 000 unités vendues en France en 2006, le SIU-LNG a dépassé la totalité des DIU-Cu. Il est probable que cette tendance se poursuivra en 2007.

Le SIU-LNG a, il faut le rappeler, deux indications en France : contraception et traitement des ménorragies fonctionnelles. Cette deuxième indication semble moins progresser que la contraception. Par ailleurs, il semble que le SIU-LNG progresse particulièrement chez les utilisatrices jeunes.

 Quant à la stérilisation volontaire à visée contraceptive, elle est plus largement utilisée. En particulier, la nouvelle méthode de stérilisation féminine par voie hystéroscopique (Essure®) en ambulatoire et sans anesthésie, a progressé nettement en France (250 procédures en 2003 ; 3 000 en 2005).

 Malgré ce panorama des méthodes contraceptives utilisées en 2006 en France, les IVG n'ont pas diminué. Elles ont même un peu augmenté si l'on se réfère aux derniers chiffres publiés en septembre 2006, en particulier chez les jeunes et chez les mineures : 210 664 IVG chez les 15-49 ans en 2004, soit + 3,6 % par rapport à 2003 ; 11 029 IVG chez les 15-17 ans en 2003 à comparer aux 11 517 IVG dans ce groupe d'âge en 2004.

En conclusion, il faut répéter que, en contraception, la technologie toute seule est insuffisante. Il faut de plus une pédagogie globale aussi bien en contraception conventionnelle qu'en contraception d'urgence.

(1) Société francophone de contraception.

SARFATY David

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8155