Une personne sur deux serait touchée

Les principales causes de l’halitose

Publié le 25/09/2006
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L’HALITOSE peut être de cause médicale : maladie de la bouche ou naso-pharyngée. Mais la raison la plus fréquente est l’accumulation de débris entre les dents et la formation d’une plaque bactérienne mélangée aux débris, qui vient tapisser les dents et la langue.

Une meilleure hygiène de la bouche permet de traiter le problème (brossage biquotidien des dents et de la langue pour éviter le dépôt). Il faut noter que les dentiers augmentent le dépôt lingual.

Une hygiène défectueuse de la bouche peut être source de gingivites et de périodontites inflammatoires. Dans ce domaine, c’est la gingivite ulcérante associée à l’angine de Vincent qui peut causer une des plus fortes halitoses.

La périodontite des adultes, caractérisée par un recul progressif de la gencive (en relation avec la plaque), une réduction de l’attache des dents, peut être à la source de mauvaises odeurs de la bouche à des degrés variables. Dans sa forme la plus agressive, la parodontite (maladie des tissus de soutien des dents), avec une réduction rapide de l’os périodontal et une mobilité des dents, peut causer une halitose intense.

La xérostomie (sécheresse de la bouche), spontanée ou après un traitement (radiothérapie...), peut aggraver des odeurs désagréables.

Les infections de la sphère respiratoires peuvent occasionner une halitose. Mais aussi une dilatation des bronches ou un cancer, à ne pas méconnaître.

Le praticien doit penser également à l’hypothèse d’un corps étranger dans le nez.

Des raisons plus générales d’halitose existent.

L’infection par Helicobacter pylori produit une modification objective de l’odeur orale.

L’odeur particulière de l’haleine est rarement le signe d’appel d’un diabète de type 1, mais plutôt un signe trouvé incidemment au cours de l’examen d’un patient.

La triméthylaminurie (maladie de l’odeur de poisson), rare, est caractérisée par une odeur tenace de poisson avarié de l’haleine et du corps liée à un excès de triméthylamine qui produit ce désagrément.

Halitophobie.

A côté de ces causes identifiables, il faut parler des patients qui se plaignent d’une mauvaise odeur orale, sans que cela soit confirmé objectivement à l’examen. Ce symptôme peut être attribuable à une forme de délire et d’hypochondrie monosymptomatique (autopersuasion d’avoir une mauvaise odeur corporelle, halitophobie). De telles personnes interprètent l’attitude de leur entourage comme une indication que leur haleine est offensive. Au maximum, cela peut aboutir à une crainte des contacts sociaux.

Dans les cas les plus fréquents, qui sont liés aux débris alimentaires, l’odeur est la conséquence de l’action de dégradation des composés par des bactéries gram négatif, produisant des composés sulfures volatiles, des diamines et des acides gras à chaînes courtes.

Si les crevasses gingivales sont propices à l’action des bactéries, le dos de la langue peut retenir une quantité de germes encore plus importante, ajoutés à des cellules desquamées, des leucocytes et des constituants salivaires.

Il existe un moyen objectif d’évaluer les mauvaises odeurs du souffle : la chromatographie gazeuse de l’haleine permet de mesurer les composés sulfurés volatiles et autres produits incriminés. Mais, évidemment, ce moyen n’est pas d’usage courant.

Soins dentaires.

Comment traiter ? Les soins dentaires et l’hygiène buccale sont au premier plan : le brossage, l’usage du fil dentaire, les bains de bouche antibactériens et anti-odeurs (gluconate de chlorhexidine, qui réduit le nombre des bactéries qui produisent les composés sulfurés volatiles, chloride cetylpyridinium, chorhine dioxide).

Le triclosan a une action directe contre les germes et les composés sulfurés.

Des méthodes expérimentales pour réduire l’halitose sont en cours d’essai : utilisation d’inhibiteurs de la glycosylation (tels que la D-galactosamine), le remplacement des bactéries par des probiotiques (tels Streptococcus salivarius), ou l’exposition à la lumière qui inhibe directement les bactéries. Il reste à évaluer ces pratiques, ce qui n’est pas facile, par défaut de moyens d’évaluation de l’intensité de la mauvaise odeur…

« British Medical Journal », 23 septembre 2006, pp. 632-635.

> Dr BÉATRICE VUAILLE

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8016