Budget de la recherche

Les présidents de commission de l'Inserm se disent très inquiets

Publié le 18/01/2004
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PRESIDENT ou vice-président de commissions de l'Inserm, tous ont souhaité signer le texte de la lettre ouverte envoyée la semaine dernière aux Premier ministre, ministres de la Santé et de la Recherche. Ces commissions sont chargées d'évaluer la qualité des recherches menées au sein de l'Inserm et de conseiller son directeur général, Christian Bréchot, pour les créations de laboratoires et le recrutement des chercheurs.
« Nous sommes très inquiets et préoccupés par la diminution des crédits de recherche et celle du nombre de postes offerts aux jeunes chercheurs et nous ne comprenons pas les arbitrages budgétaires de votre gouvernement, écrivent-ils. Nous n'ignorons pas les difficultés du budget de l'Etat, mais alors que vous-même, la ministre de la recherche, le chef de l'Etat lui-même, avez clairement affiché la recherche comme une priorité nationale, ses crédits, et ceux de l'Inserm en particulier, ne cessent de diminuer. »

Et de s'interroger sur l'avenir de la recherche française : l'Inserm n'offrira en 2004 que 30 postes de chercheurs, rappellent-ils. « Il y en avait 94 en 2002, un nombre juste suffisant pour assurer le remplacement des départs à la retraite, alors que plus de 3 000 de nos jeunes docteurs en biologie exercent leurs talents aux Etats-Unis. Ils y sont pour la plupart heureux et rémunérés à la hauteur de leurs compétences, mais les découvertes qu'ils y font sont américaines », s'exclament les auteurs de la lettre.
S'ils ne sont pas hostiles au principe de postes de chercheurs temporaires sur des contrats à durée déterminée, comme le préconise Claudie Haigneré, c'est uniquement dans le cadre d'une « politique volontariste de l'emploi scientifique ». Or, dans le contexte actuel, soulignent-ils, ce choix « fait courir le risque de voir les jeunes se détourner des carrières scientifiques du fait de leur précarisation accrue ».
Certes, reconnaissent-ils, « des évolutions de notre système de recherche sont souhaitables et les chercheurs, ingénieurs et techniciens, y seront d'autant plus favorables qu'ils se sentiront associés aux réflexions ».
Les présidents de commissions demandent au gouvernement « de retrouver de toute urgence des budgets dignes des enjeux auxquels nous faisons face » et « d'assurer le recrutement des jeunes talents que nous avons formés au sein de nos universités et de nos laboratoires de recherche ».
Mise en cause à l'Assemblée par son prédécesseur, Roger-Gérard Schwartzenberg, sur les « amputations de crédits » et les suppressions d'emplois fixes, Claudie Haigneré a dénoncé, quant à elle, la « vision trop administrative » de la recherche lors du gouvernement précédent. « Oui, vous avez mis en place un plan pour l'emploi scientifique, a-t-elle répondu à l'ancien ministre de la Recherche , mais sans doute avec une vision trop administrative de la recherche. Je propose plus de souplesse, plus de réactivité, en maintenant l'emploi, en l'augmentant si possible et en reconnaissant le chercheur sur son excellence et sur son projet ». « Je suis fière d'être chargée du ministère de l'avenir au sein de ce gouvernement », a conclu Claudie Haigneré.

> STÉPHANIE HASENDAHL

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7458