Avec 60 000 décès annuels dus au tabac, 45 000 à l'alcool et 8 000 aux accidents de la route, « les grandes causes de morts évitables en France régressent », tout comme la consommation de cigarettes et de boissons alcoolisées et l'imprudence au volant. Certes, « l'évolution des dommages provoqués par le tabac est complexe, ils s'accroissent de façon importante chez les femmes, alors qu'ils semblent se stabiliser chez les hommes », écrit le Pr Claude Got dans « Population & Sociétés »*.
Il est certes « difficile d'évaluer le nombre de morts » car le tabagisme, comme l'usage immodéré d'alcool, « agissent avec d'autres causes, et cela est également vrai pour l'accident de la route ». En outre, poursuit le président du collège scientifique de l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies, « il faut prendre en considération à la fois l'intensité et la durée de l'exposition aux différents facteurs de risque dans la genèse des maladies chroniques produites par le tabac et l'alcool ». Le cancer du larynx, par exemple, peut survenir après trente ans de tabagisme « et son taux de mortalité va dépendre de la quantité de cigarettes fumées en moyenne chaque jour, du nombre d'années de consommation, de l'âge de début, mais aussi de l'évolution des thérapeutiques ». Et la fréquence actuelle (6 900 décès en 1999, contre 4 010 en 1979) du cancer primitif du foie s'expliquerait « par le développement des hépatites chroniques d'origine virale et des progrès dans le traitement des cirrhoses qui permettent à un plus grand nombre d'entre elles d'évoluer et de se compliquer de cancers, en particulier quand une forte consommation d'alcool y est associée ». Quoi qu'il en soit, la mortalité par cirrhose s'observe aux mêmes âges qu'autrefois et son taux a baissé à tous les âges.
La mortalité routière, en revanche, semble mieux cernée, « même s'il faut dépasser la notion d'accident pour évaluer la fraction de la mortalité accidentelle due aux excès de vitesse, à l'alcool, à l'inexpérience ou à la perte d'aptitudes physiques ou psychiques, qui sont les véritables causes de l'accident ». Son évolution, souligne le Pr Claude Got, « est un des meilleurs exemples de l'efficacité des actes de prévention face à la mort évitable ». Après un maximum de 16 617 tués en 1972, la décroissance a commencé brutalement au milieu de l'année 1973, avec la limitation généralisée de la vitesse et l'obligation du port de la ceinture de sécurité. Ces dernières années, après une stagnation aux environs de 8 000 tués (7 720 en 2001), la diminution a repris très nettement en 2002, avec 7 242 morts. « La route nous prouve qu'une part importante de la mort évitable peut être influencée par des mesures de bon sens qui n'entravent pas la liberté humaine, mais, à l'opposé, la développent. Il faut sortir du débat simpliste entre le choix du bon vivant, qui disparaît rapidement après avoir bien vécu, et le choix de vivre », conclut le Pr Got.
* Bulletin mensuel, n° 393, de l'Institut national d'études démographiques.
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