XAVIER BERTRAND, en visite lundi à la Réunion, en raison de l’épidémie de Chikungunya, n’a pu recevoir en personne les syndicats de médecins à diplôme étranger. C’est donc son cabinet qui a avancé les pistes du ministre, qui ont laissé sceptiques ou déçus les praticiens concernés.
Les médecins attendaient pourtant des réponses précises pour régulariser leur situation et sortir enfin de leur statut précaire.
La nouvelle procédure d’autorisation (NPA) va-t-elle perdurer ? A qui sera-t-elle appliquée et avec quelles modalités ? La réponse reste floue. Pour l’instant, l’épreuve resterait en l’état, même si le principe du concours n’est plus gravé dans le marbre. «Nous sommes contents que le ministère accepte de contester ce principe, qui semblait intangible. Nous pouvons considérer cette ouverture comme un bond en avant», estime Jamil Amhis, président de la Fédération des praticiens de santé (FPS).
Leurs confrères de l’Inpadhue (Intersyndicale nationale des praticiens à diplôme hors Union européenne) ne partagent pas cet enthousiasme. «Pour nous, c’est très décevant. D’après le ministère, la NPA reste adaptée. Ils vont faire un effort, disent-ils, en proposant un concours sans quotas, autrement dit, un examen. Mais les conditions d’entrée ne sont pas fixées», peste Talal Annani, président du Syndicat national des Padhue (Snpadhue).
C’est pourtant là que le bât blesse, puisque les revendications des organisations syndicales portent précisément sur les modalités de l’épreuve selon l’ancienneté des candidats, l’idée étant de valider l’expérience acquise. Or, après la réunion au ministère, le flou domine.
Les deux cents titulaires d’un certificat de synthèse clinique et thérapeutique (Csct) devraient, quant à eux, être exemptés de toute épreuve, concours ou examen, pour présenter leur dossier devant la commission d’autorisation. Le sort des titulaires d’un diplôme interuniversitaire de spécialisation (DIS) ne serait pas réglé dans les mêmes termes. Quant aux praticiens qui exercent en France depuis plus de trois ans ou depuis plus de cinq ans, on ignore si leur expérience sera prise en compte pour leur demande d’autorisation.
Le contenu de la NPA ne devrait pas évoluer, contrairement aux attentes de l’Inpadhue qui réclame l’intégration des titres et travaux dans cette épreuve. «Je connais des personnes plus compétentes que moi qui ont échoué à la NPA», témoigne Talal Annani, qui a été recalé avec une moyenne de 14,75.
Marche de protestation.
Les deux syndicats sont attendus le 14 février au ministère de la Santé. Xavier Bertrand devrait valider les pistes de réflexion.
Mais l’Inpadhue, très remontée, prépare l’offensive. Hier, les praticiens ont repris, devant l’Assemblée nationale, le piquet de protestation hebdomadaire qu’ils avaient mis en place avant Noël. Ils envisagent un appel à signature citoyenne ainsi qu’une «grande manifestation avec (leurs) collègues» d’ici à la fin du mois de février . Plusieurs syndicats de médecins ont déjà manifesté leur soutien, dont l’Association des médecins urgentistes de France (Amuf) du Dr Patrick Pelloux et le Syndicat national des pédiatres des établissements hospitaliers (Snpeh), présidé par le Dr Philippe Talon. La FPS, de son côté, reste sur ses gardes. «Il demeure de grosses zones d’ombre», regrette Hani-Jean Tawil, délégué général de la FPS.
Certains se demanderont si, au lieu de ce maquis statutaire, il ne serait pas préférable de proposer à tous les Padhue une épreuve unique, cohérente, qui attesterait leur compétence, à l’heure où tous les médecins doivent se soumettre aux exigences d’une évaluation régulière. La situation de précarité des Padhue serait peut-être assainie, tout en respectant les principes d’équité et d’égalité à l’égard de leurs confrères à diplôme français.
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