De notre correspondante
à New York
Les greffes allogéniques de moelle osseuse offrent une possibilité thérapeutique sérieuse pour les leucémies, les anémies aplasiques et certains troubles génétiques, et autorisent l'espoir d'un traitement curatif complet.
Toutefois, ces greffes comportent le risque élevé que les lymphocytes du donneur reconnaissent les tissus du patient comme étrangers et montent une attaque contre les tissus du patient.
Dans les deux mois qui suivent la greffe
La pathologie qui en résulte, la maladie aiguë du greffon contre l'hôte (GVHD, pour Graft versus Host Disease), se manifeste habituellement dans les deux mois qui suivent la greffe et, en l'absence de traitement, elle peut être fatale. Malgré une prophylaxie appropriée, des GVHD de grade II à IV surviennent dans environ 40 % des cas.
On sait qu'une réaction aiguë du greffon contre l'hôte (ou GVHD aiguë) survient en deux temps. Premièrement, les lymphocytes T du donneur rencontrent les allo-antigènes exprimés par les cellules immunes APC (Antigen Presenting Cells) de l'hôte. Les cellules T du donneur sont alors activées par cette rencontre et se différencient en diverses cellules T effectrices, dont les lymphocytes T cytotoxiques (CTL) anti-hôte, et en cellules T mémoire. Deuxièmement, les CTL anti-hôte infiltrent tous les tissus du patient et attaquent en particulier les surfaces épithéliales des organes. On ignore toutefois dans quel compartiment lymphoïde de l'hôte les cellules T activées du donneur commencent à se différencier en CTL anti-hôte.
Le berceau des CTL anti-hôte
Une équipe de chercheurs japonais, Murai (université de Tokyo) et coll., a identifié le berceau des CTL anti-hôte responsables de la GVHD : les plaques de Peyer de l'intestin. En utilisant un modèle bien connu de GVHD aiguë chez la souris, les chercheurs montrent que les plaques de Peyer sont indispensables pour activer les réponses CTL anti-hôte, ainsi que pour induire la GVHD aiguë.
La GVHD est prévenue en empêchant l'afflux des cellules T du donneur dans les plaques de Peyer soit en inactivant le gène du récepteur aux chimiokines, soit en inhibant les interactions entre intégrine alpha-bêta et MAdCAM-1. Enfin, preuve concluante, les souris déficientes en plaques de Peyer (par administration intra-utérine d'anticorps anti-IL-7R) ne développent pas de GVHD aiguë, dans deux modèles d'induction de la maladie.
« Par conséquent, le blocage de la production des CTL dans les plaques de Peyer pourrait offrir de nouvelles stratégies pour prévenir la GVHD aiguë », concluent les chercheurs.
« Nature Immunology », 13 janvier 2003, DOI: 10.1038/ni879.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature