DE SÉRIEUX doutes pèsent sur le rôle des piscines couvertes dans la survenue d'asthme, tant chez les maîtres-nageurs et le personnel d'entretien que chez les enfants et les adolescents qui les fréquentent. Premier responsable incriminé : le chlore. Plus exactement la réaction chimique avec les sécrétions humaines telles que salive, sueur et urine, qui crée des gaz irritants au niveau pulmonaire, notamment les chloramines.
Or, au congrès de la Société européenne de pneumologie, à Stockholm (Suède), une équipe belge vient de montrer que les piscines découvertes entraînent aussi un risque d'asthme. Trois médecins de Louvain, M. Nickmilder, A. Bernard et C. Voisin, ont enrôlé 847 adolescents, âgés en moyenne de 15 ans. Ils fréquentaient trois collèges où les cours de natation avaient lieu en bassin découvert. Dans l'un des établissements scolaires, les séances de piscine se passaient dans une eau désinfectée par un système d'ionisation cuivre-argent, donc sans chlore. Les collégiens de cet établissement ont servi de témoins.
Au cours de l'étude, des questionnaires ont été soumis aux parents. Ils s'intéressaient aux antécédents familiaux d'asthme ou d'allergie, au style de vie de l'enfant et au nombre d'heures passées à la piscine, en précisant son mode de désinfection et sa couverture ou non. Les jeunes participants ont également subi une recherche sanguine d'IgE.
Un risque multiplié par 3, voire par 9.
«La fréquentation de piscines chlorées découvertes interagit fortement avec le risque évalué sur le taux sanguin d'IgE; elle augmente considérablement le risque d'asthme», a rapporté l'équipe. Les adolescents qui avaient cumulé plus de 500 heures de piscine à ciel ouvert avaient un risque d'asthme plus que triplé par rapport à ceux qui n'ont jamais fréquenté de bassin à eau chlorée. Le risque était multiplié par 9 chez les jeunes dont le taux d'IgE était élevé, même en l'absence d'antécédents familiaux d'asthme.
Pour l'équipe belge, ce constat mérite d'être pris au sérieux, dans la mesure où la fréquentation des piscines va croissante. Ces mêmes chercheurs avaient déjà montré que les ex- bébés nageurs déclarent davantage d'asthme que les autres dix ans plus tard. Aussi recommandent-ils d'éviter la surchloration des piscines découvertes.
Cette nocivité du chlore a été également mise en valeur par V. Brusasco et G. Rossi (Gênes, Italie). Ils pourraient apporter de l'eau au moulin des médecins belges dans la mesure où leur travail les amène à impliquer la zone de 10 cm au-dessus de la surface de l'eau. Les fortes concentrations de chlore qui y règnent pourraient endommager les voies aériennes. Elles favoriseraient la sensibilisation aux allergènes et participeraient à l'apparition d'une hyperréactivité bronchique conduisant à l'asthme.
Sensibilité aux aéroallergènes.
Les Italiens se sont intéressés à 30 nageurs de compétition de 14 ans en moyenne. Tous étaient indemnes d'asthme. Pourtant, au cours des tests, 73 % d'entre eux se sont montrés sensibles aux aéro-allergènes (soit près du double de la prévalence dans la population générale) et plus de la moitié (17 sujets) souffraient d'une hyperréactivité bronchique. «Deux éléments considérés comme prédictifs de l'apparition d'asthme», ont rappelé les chercheurs.
Des cellules souches colonisent les poumons
Si les travaux réalisés par une équipe britannique chez l'animal aboutissent un jour chez l'humain, il sera alors peut-être possible de régénérer un épithélium pulmonaire lésé. Sile Lane et coll. (Imperial College) ont en effet réussi à faire recoloniser des poumons, volontairement lésés, de rongeurs par des cellules souches embryonnaires.
Les chercheurs avaient auparavant cultivé des cellules souches embryonnaires et les avaient forcées à se différencier en cellules pulmonaires, exprimant des marqueurs soit épithéliaux, soit endothéliaux. Le travail qu'ils ont présenté au congrès de la Société européenne de pneumologie répondait par l'affirmative à une question : ces cellules ayant acquis des caractéristiques de cellules pulmonaires peuvent-elles coloniser l'organe ?
Les cellules souches différenciées ont été marquées par fluorescence. Elles ont ensuite été injectées dans les veines caudales de souris, certaines saines, d'autres ayant reçu un toxique lésant leur épithélium pulmonaire. Deux jours plus tard, les cellules marquées étaient mises en évidence dans les poumons des animaux... mais dans aucun autre organe.
Avant d'envisager de tels traitements chez l'humain, ces cellules souches pourront servir à la recherche médicamenteuse.
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