LA CONCURRENCE était rude. Pour la Haute Autorité de santé (HAS), décerner les prix qualité de l’évaluation des pratiques professionnelles (EPP) a certainement été plus compliqué que prévu. Ces prix ont été initialement conçus pour informer et sensibiliser les professionnels à la démarche d’évaluation. Mais les experts ont découvert sur le terrain des acteurs déjà très impliqués. C’est un tour de France de l’EPP, en vingt-quatre étapes, qui a été bouclé. Au lieu de «porter la bonne parole, nous avons été surpris par la richesse des expériences constatées», reconnaît Alain Coulomb, directeur de la HAS, qui a parcouru 40 000 km pour aller à la rencontre des pionniers de l’EPP. Démarrées à Bordeaux en 2004, c’est en Guadeloupe que les dernières réunions se sont achevées ces dernières semaines.
Sources de progrès.
Pour cette première édition du prix qualité EPP, l’HAS a décerné six mentions spéciales : management des équipes, méthode, usagers, simplicité-efficacité, créativité-originalité et un prix spécial jury pour récompenser une démarche passionnée. Les dix-huit équipes nominées, au terme d’une âpre sélection, ont toutes reçu un prix. Douze d’entre elles ont obtenu un diplôme. Assorties d’une récompense d’un montant de 2 000 euros, ces distinctions soulignent des sources de progrès. Autant de démarches reproductibles qui restent avant tout une somme de bonnes idées à copier. La HAS entend jouer un rôle dans ce partage d’information et s’apprête à publier dès le mois de septembre pas moins de 85 nouvelles procédures directement issues des évaluations proposées par les professionnels dans le cadre de ce prix.
Au total, les 145 démarches d’évaluation présentées ont réuni 388 professionnels, médecins pour la plupart. Ils ont été associés à la conduite et au pilotage d’équipes pluridisciplinaires aux côtés de soignants, de biologistes, de pharmaciens et de psychologues. Contre toute attente, les équipes ont montré que les méthodes validées par la HAS étaient appliquées dans les actes simples et quotidiens. Du séminaire de FMC, de la prise en charge de l’insuffisance rénale chronique, à la gestion des déchets, la qualité est recherchée, pensée et donc améliorée.
Les deux tiers des pratiques recensées par audits concernent l’hospitalisation publique : 48 démarches provenaient des CHU et 47 des CH. Seulement, 21 pratiques présentées impliquaient des équipes du secteur privé.
Ces démarches s’inscrivent aussi dans la droite ligne de l’accréditation des médecins. Loin des sanctions et des contrôles, l’évaluation des pratiques professionnelles reste une incitation au progrès. C’est avant tout «un encouragement à faire mieux», souligne le président de l’HAS, le Pr Laurent Degos, également président du jury qui a décerné ces prix.
Parmi les surprises du premier palmarès, on peut noter l’absence d’établissements parisiens, l’hétérogénéité des établissements primés et le peu de transversalité de ces évaluations, qui se résument à une étude interne à l’établissement. Le CHS dijonnais La Chartreuse (51 lits), qui obtient un diplôme dans la mention « usagers », pour son évaluation de la pertinence des motifs d’hospitalisation de moins de 24 heures, rivalise avec des établissements de plus grande taille. Dans la mention « simplicité-efficacité », le Dr Jean-Marc Franco évoque le pas franchi dans l’amélioration du dépistage et de la prise en charge de l’insuffisance rénale chronique. Pour concourir, il a fédéré une centaine de médecins généralistes, ainsi que tous les néphrologues de l’île de la Réunion. Cette communication améliore l’accès aux spécialistes et facilite la prise en charge du patient. Ces exemples illustrent l’émulation sensible qui se crée. La concurrence bat son plein dans toutes les disciplines et toutes les spécialités dans cette course à la qualité lancée par la HAS.
Le palmarès
• Prix management des équipes
Evaluation et optimisation du parcours du greffon rénal au CHU de Montpellier : du prélèvement à la transplantation,
Geneviève Robles, Nadine Levallois, Georges Mourad, Jacques Guiter, Gilles Launay (CHU Montpellier).
• Prix méthode
Revues de morbidité-mortalité dans une unité hospitalière d’endoscopie digestive,
Bernard Denis, André Peter Anne Marie Weiss Jacques Bottlaender (hôpital Pasteur, Colmar).
• Prix simplicité-efficacité
La contention physique des personnes âgées dépendantes : la pratique d’un hôpital local,
Stéphane Bechu, Maryvonne Manach, Georges Ghenovici, Joseph Etienne
(hôpital local de Lanmeur, Finistère).
• Prix créativité, originalité
EPP dans le quotidien du fonctionnement d’un service hospitalier : application dans un service de réanimation médicale,
Gilles Capellier, Thibaut Desmettre
(CHU de Besançon).
• Prix usagers
Evaluation des pratiques professionnelles en matière de confidentialité,
Delphine Rayrat, Eric Picquenot
(CH de La Rochelle).
• Prix spécial du jury
D’une réponse binaire... à une pensée créative, autour de la prise en charge hospitalière du suicidant,
Brigitte Hocquellet, Pierre Mardegan
(CHG de Montauban).
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