Ce n’est pas par peur du ridicule que les pingouins ont abandonné – il y a quelques milliers d’années – l’idée de voler. Leurs tentatives d’envol sont laborieuses, infructueuses, et les atterrissages, comiques car très souvent ratés. Mais si les pingouins ont choisi de nager plutôt que de voler, c’est qu’ils avaient une bonne raison, une raison physiologique. La dépense énergétique était trop coûteuse, expliquent des chercheurs américains dans les très sérieuses Proceedings of the National Academy of Sciences.
Ces auteurs ont étudié les guillemots de l’Alaska et montrent, chiffres à l’appui, que les ancêtres des manchots ont fait le bon choix.
Logés dans des cabines polaires et armés de pistolets chargés de balles de caoutchouc pour éloigner les ours dérangeants, les chercheurs ont capturé quelques pingouins et les ont équipés de molécules traceuses afin d’analyser leur métabolisme énergétique, leur consommation en oxygène, la profondeur des plongeons, le temps qu’ils passent dans l’air, dans l’eau et sur la terre.
Résultats : les guillemots ont bien raison de ne pas voler. La dépense énergétique est bien supérieure à celles des modèles biomécaniques alors que celle engagée par la plongée est bien inférieure à celle de ces mêmes modèles. En l’air, le guillemot dépense 31 fois son métabolisme basal alors que les autres vertébrés ne sont qu’à 25 fois, au maximum. Ils dépensent par exemple bien plus de calories que l’oie à la tête barrée qui vole au-dessus de l’Himalaya.
Sous l’eau, en revanche, ils deviennent imbattables ! Ils nagent très vite, restent très longtemps dans l’eau, et plongent très profondément.
Une belle preuve de stratégie d’adaptation.
High fly costs, but low dive costs, in auks support the biomechanical hypothesis for flightlessness in penguins.
PNAS, 20 mai 2013
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature