LA PRÉVALENCE du tabagisme a diminué aux États-Unis au cours des quatre dernières décennies, passant de 45 % en 1971 à 21 % en 2004.
«Il semble qu'il se soit produit des cascades locales d'arrêt du tabagisme, car on observe des groupes de personnes en relation à l'intérieur du réseau social qui ont arrêté à peu près en même temps.» Cela reflète l'effet du choix d'un groupe de personnes, reliées directement et indirectement, jusqu'au troisième degré, qui a pris le pas sur les décisions des individus.
N. Christakis et coll. (Boston) ont travaillé sur la cohorte des descendants des 5 124 sujets source de l'étude Framingham, soit 12 067 personnes, de plus de 21 ans, qui ont eu des évaluations itératives de leurs habitudes tabagiques et de leur liens sociaux pendant 32 ans. Pour l'évaluation générale, une discrimination dichotomique a été faite entre les abstinents et les fumeurs de plus de 21 cigarettes.
Dans un couple marié, lorsque l'un des deux arrête de fumer, cela accroît de 25 % la probabilité que l'autre fasse de même et décroît de 67 % le risque que l'autre soit fumeur.
Dans une fratrie, l'arrêt d'un des membres réduit de 25 % la probabilité qu'un autre des frères ou soeurs fume. L'effet est plus fort entre amis : il atteint 36 %.
Influence de la norme sociale.
Le calcul au sein des entreprises montre une absence d'effet s'il s'agit d'une grosse firme ; mais, dans le cas d'une PME, la probabilité qu'un salarié proche fume est réduite de 34 % en cas d'arrêt du sujet contact.
Dans la dynamique de groupe observée, la norme sociale est importante : l'éloignement ne modifie pas l'effet entre deux sujets contacts. La norme sociale semble donc franchir plus facilement la distance géographique que les normes comportementales.
Par ailleurs, on constate l'influence du niveau d'éducation : l'émulation entre amis est corrélée au nombre d'années d'études des sujets.
Les chiffres montrent aussi que la probabilité d'arrêt d'une personne dépend de l'arrêt non pas d'un seul contact, mais d'au moins deux personnes. Il semble se produire une sommation des effets de l'influence du comportement des sujets contacts, avec l'existence d'un seuil minimal.
Les observations des auteurs bostoniens peuvent être utiles pour mettre en oeuvre les interventions cliniques individuelles ou en santé publique pour la réduction et la prévention du tabagisme.
« New England Journal of Medicine », 22 mai 2008, pp. 2242-2258.
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