Décision Santé. Où en est GlaxoSmithKline ?
Patrick Desbiens. L’année 2013 a été une année de croissance pour GSK au niveau international. C’est une bonne nouvelle, après plusieurs années difficiles. Et c’est de bon augure pour l’avenir. D’autant que notre pipe-line est désormais bien fourni. La modification de notre modèle de recherche, mise en place par Moncef Slaoui, président de la recherche et développement de GSK, nous a en effet permis de surmonter les difficultés liées à la fin de l’ancien modèle construit sur un ou deux blockbusters et de nous orienter vers une stratégie plus flexible. Fort d’unités de recherche plus petites et autonomes et d’une augmentation sensible du nombre de partenariats externes, le groupe mise ainsi sur les domaines où les connaissances scientifiques sont en plein essor. De surcroît, nous avons axé notre développement vers les pays émergents, ce qui explique ainsi qu’environ 25 000 emplois aient été transférés des pays développés vers ces marchés.
D. S. Comment est organisée votre recherche ?
Pa. D. Le groupe a souhaité redonner le pouvoir aux chercheurs. Des petites unités de recherche, qui sont toutes constituées autour d’un pôle de chercheurs, ont ainsi été créées. A charge pour chacune d’elle d’alimenter notre pipe-line et donc notre portefeuille de médicaments et de vaccins. Afin d’améliorer l’efficience globale de l’entreprise (recherche, développement et commercialisation) le groupe s’est également réorganisé en six franchises au niveau mondial : la pneumologie, la dermatologie, l’infectiologie et l’immunothérapie, l’oncologie, le cardio-métabolisme et le système nerveux central (SNC), les vaccins. Cette nouvelle organisation nous permet de disposer de véritables rampes de lancement pour tous nos nouveaux produits et ainsi de nous adapter aux attentes des marchés locaux.
D. S. Les grands marchés mondiaux ne seraient plus une priorité pour GSK ?
Pa. D. Bien sûr que si. D’ailleurs en 2013, 75 % de notre chiffre d’affaires a été réalisé dans ces grands pays. Les pays émergents, tels que l’Inde, font néanmoins partie des priorités du groupe. Nous avons également confirmé notre engagement en Afrique et dans les pays les moins développés. D’autant que dans la plupart des pays européens, à l’instar de la France, l’heure est à la contrainte budgétaire. Les baisses de prix continues, les mesures de maîtrise des dépenses de santé, le développement des génériques, ainsi que des délais d’accès au marché souvent bien plus long que chez nos voisins européens ont ainsi eu pour conséquence de faire reculer de 7 % le chiffre d’affaires de GSK France en 2013.
D. S. Est-ce à dire que la France n’est plus attractive ?
Pa. D. Nous sommes à un point de rupture. La France dispose de nombreux atouts qui sont bien connus et sur lesquels je ne reviendrai pas. Mais la fiscalité pose clairement problème, tout comme l’absence de flexibilité de l’emploi. J’ajouterai que les exigences sans cesse croissantes de la Commission de la transparence pour faire rentrer de nouveaux médicaments dans le champ du remboursable sont autant de freins au renforcement de l’attractivité de l’Hexagone. Nous pensons qu’il est impératif de favoriser un accès plus rapide et une évaluation continue des médicaments en vie réelle, et de conclure des accords de performance entre les industriels et les payeurs. Ces accords ont fait leurs preuves et devraient être plus répandus dans un souci d’accès plus précoce des patients aux produits innovants et d’efficience globale du système de santé.
D. S. Vous préconisez donc des mises sur le marché conditionnelles ?
Pa. D. Absolument ! Il me semblerait beaucoup plus opportun de proposer à tous les laboratoires pharmaceutiques dont les médicaments et vaccins ont été approuvés au niveau européen de pouvoir les commercialiser immédiatement après leur AMM et ainsi d’être à même de démontrer leur intérêt en vie réelle. Et comme 80 % des médicaments reçoivent déjà une ASMR 5 qui conduit à un remboursement à des prix inférieurs et génère des économies pour le système, il sera bien plus efficient de garantir automatiquement et immédiatement un accès du niveau ASMR 5 à tous les médicaments dès leur AMM européenne octroyée. Pour rehausser leur niveau d’ASMR, les laboratoires auraient la possibilité de fournir des données supplémentaires déjà existantes ou de réaliser des études en pratique courante en France afin de démontrer leur valeur additionnelle.
D. S. Quelle place occupe l’hôpital dans votre stratégie de développement ?
Pa. D. La place de l’hôpital est centrale pour le groupe et tout particulièrement en France, où le système de santé, encore hospitalo-centré, est à la fois très performant et très onéreux. C’est la raison pour laquelle GSK France a tenu à tisser des liens très étroits avec le pharmacien hospitalier qui est en première ligne pour renforcer l’efficience et optimiser le parcours de soins. Sa vision extrêmement large de l’hôpital le place idéalement pour améliorer l’efficience du parcours de soins patient et veiller au bon usage des médicaments.
D. S. D’où l’idée d’instaurer un rendez-vous régulier avec les pharmaciens hospitaliers ?
Pa. D. Encore une fois, GSK considère les pharmaciens hospitaliers ainsi que leurs homologues officinaux comme des acteurs clés du système de santé. Il nous a donc semblé fondamental d’instaurer un dialogue et de partager nos expertises réciproques avec eux. D’autant que nous avons le sentiment qu’ils ne sont pas encore assez reconnus dans leurs contributions au système de santé
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