MEDECINS HOSPITALIERS à diplôme non européen et PH temps partiel, même combat, selon l'Uccsf (branche spécialiste d'Alliance). Leurs revendications tiennent en une phrase : « A travail égal, salaire et couverture sociale égaux » avec le reste des médecins hospitaliers, « au prorata temporis ».
L'intersyndicat des PH temps partiel (membre de l'Uccsf), en dormance depuis sa création en 1960, sort de sa torpeur et publie un communiqué menaçant, où figure une allusion à une possible grève. Pourquoi ce sursaut revendicatif, alors que la situation des praticiens hospitaliers à temps partiel est connue et inchangée depuis plus de vingt ans ?
L'exemple des médecins à diplômes étrangers.
Deux raisons à cela. Le déblocage récent du conflit opposant les médecins étrangers aux autorités a mis le feu aux poudres. Pourquoi ces derniers obtiendraient-ils gain de cause alors que les temps partiel ne sont toujours pas entendus ? se sont demandés certains.
En même temps, la reprise au ministère de la Santé des négociations statutaires a nourri quelques espoirs chez les temps partiel. Quelques jalousies aussi. « Les temps plein vont encore passer avant nous, se lamente le Dr Geneviève Glikmanas, PH à temps partiel à l'hôpital de Meaux et proche de l'Uccsf. Avant de revaloriser les astreintes, ou de se lancer sur la part variable (dans le revenu des médecins hospitaliers, ndlr) , on ferait mieux de régler une situation ancienne et discriminatoire ».
Cette situation, l'Uccsf ne la comprend vraiment pas : « A côté de 30 000 PH temps plein, 8 000 PH temps partiel (dont un nombre croissant de mères au foyer sans aucun exercice libéral) sont toujours régis par un statut archaïque et scandaleusement inégalitaire », s'étonne le syndicat .
Que réclament les PH temps partiel, au juste ? L'ouverture de négociations spécifiques en vue d'aligner leur statut sur celui des temps plein. Dans un courrier adressé il y a quelques jours à la Direction de l'hospitalisation (Dhos), au ministère de la Santé, le Dr Tony Rahmé, secrétaire général de l'intersyndicat des temps partiel (Uccsf), recense six problèmes. Celui de la rémunération, tout d'abord. « Ce n'est pas normal de travailler à 6/6e (six demi-journées par semaine) pour être payé 55 % du salaire PH temps plein qui est à 10/10e (dix demi-journées) avec 2 jours d'intérêt public, alors que les deux exercent la même activité hospitalière : visites, opérations, consultations, enseignement, gardes... », écrit le médecin. Les praticiens à temps partiel veulent être alignés sur le régime des temps plein, au prorata. Idem pour le nombre de jours de formation continue.
Autre problème : les PH temps partiel ne cotisent que sur les deux tiers de leurs émoluments pour la retraite ; ceux qui font 100 % de leur activité à l'hôpital n'ont pas droit à la prime d'exclusivité de service public ; et ceux qui veulent s'installer en secteur II doivent remplir des conditions plus contraignantes que les PH temps plein. Bref, tout cela « n'est pas normal », martèle le Dr Rahmé.
La Dhos n'a pas encore répondu à son courrier. Mais le Dr Rahmé garde l'espoir d'être entendu, aujourd'hui même, à l'occasion de la réunion du comité de suivi sur le statut des médecins hospitaliers, qui se tient au ministère de la Santé. C'est dans ce but qu'il s'y rend, en tant que représentant des PH temps partiel pour le compte de l'Uccsf.
Question d'équité.
Le Dr Glikmanas, qui milite depuis des années pour faire avancer le dossier, attend les propositions du gouvernement. « Est-ce qu'on va enfin prendre en compte nos revendications ?, s'interroge-t-elle. On veut un groupe de travail spécifique. Au ministère, tout le monde connaît la situation, mais rien ne bouge. »
Sur le terrain, ça trépigne. Le Dr Jean-Gabriel Brun, qui préside l'Uccsf, parle d'ébullition. « Des femmes médecins à temps partiel ont voulu lancer une grève, explique-t-il. Je les en ai dissuadées. Voyons d'abord ce que va dire le ministère. » En attendant, les PH temps partiel s'organisent, et se rassemblent au sein de l'Uccsf pour peser plus lourd. « Nous ne sommes jamais la priorité des intersyndicats de PH, dénonce le Dr Glikmanas. La profession est unanime sur le sujet, mais personne ne nous défend car nous sommes moins nombreux que les temps plein.C'est peut-être aussi pour ça que notre cause n'a jamais avancé. »
Le montant de l'opération y est sans doute pour quelque chose. Il en coûtera 50 millions d'euros par an à l'Etat, selon Bercy, pour harmoniser le statut des PH temps partiel avec celui des temps plein. Qui doit décider du déblocage de cette rallonge ? « Les ministères de la Santé et des Finances se renvoient la balle », constate, amère, le Dr Glikmanas. Pourtant, fait-elle valoir, la somme en jeu n'est pas exorbitante, comparée au financement prévu pour la nouvelle part complémentaire variable dans le revenu des PH - 27 millions d'euros en 2005 pour les seuls chirurgiens et psychiatres. « Ce n'est pas un privilège que l'on demande, c'est une équité », conclut la praticienne.
Une hématologue raconte
« J'ai fait ce choix pour m'occuper de mes enfants. » Le Dr Annie Porte occupe un poste de PH à temps partiel au centre hospitalier de Saint-Denis (93).
Après des années d'exercice, cette hématologue a un peu le sentiment d'avoir signé un contrat de dupe. Les horaires de travail - de 9 heures à 13 heures en théorie - sont souvent dépassés. « Si un cas difficile se présente, je reste. Nous ne sommes pas nombreux dans mon service, il faut bien faire le travail. » Ce qui rend de plus en plus difficile, selon elle, la conciliation avec une activité libérale. Mais l'essentiel du problème n'est pas là. « Ça m'est égal de déborder, ce que je voudrais c'est être payée les 6/10, et avoir une bonne retraite », dit-elle. En somme, le Dr Porte est en attente d'une reconnaissance. Car les PH temps partiel ne manquent pas d'atouts. Ils sont flexibles, disponibles - « Quand un médecin est malade ou en congé, on comble les trous et on récupère après » -, tout en ayant les contraintes du métier à 100 % : « On a autant d'astreintes les samedis que les PH temps plein. »
> D. CH.
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