ILS SONT SORTIS du bois en 1997 pour parler sécurité des soins, en 2001 pour parler rapport qualité/ prix. Les maires des petites villes de France réunis au sein de l'Association des petites villes de France (APVF) consacrent aux hôpitaux de proximité (dont ils président les conseils d'administration) des « livres blancs » qui se suivent mais ne se ressemblent pas. L'édition 2008 est plutôt technique et politique : en pleine préparation de la loi Hôpital, patients, santé et territoires, (HPST), les « petits » édiles y prennent leurs marques et posent les conditions de leur adhésion à la réforme.
Telle qu'elle s'esquisse, la future loi HPST ne fait pas pousser de cris d'offraie à l'APVF. Toutefois, certaines de ses dispositions l'inquiètent. C'est particulièrement le cas des « communautés hospitalières de territoires » (CHT) qui, sur le modèle de l'intercommunalité, devraient réunir les établissements.
Elles «peuvent être la pire ou la meilleure des choses», commentent les maires. Pour que ce soit la seconde occurrence qui prévale, il faudra que «les problèmes mais aussi les atouts des petits hôpitaux» y soient pris en compte ; pas question «de diluer les activités hospitalières et de précipiter les fermetures». L'APVF met le doigt sur deux écueils à éviter : la compétition entre petits établissements d'un même territoire (dans le domaine de la chirurgie par exemple, il se peut que cela se produise et «les plus faibles perdront avec tous les risques de recomposition sauvage» que cela suppose, prédit l'Association) ; le handicap « stratégique » des petits établissements sur fond de T2A ( «les plus gros, réfléchissant plus vite à l'identification de leur part de marché la plus rentable, risquent de laisser aux petits la réalisation d'activité que ceux-ci ne pourront pas supporter financièrement ou ne pourront pas assurer pour des questions de sécurité»).
Évolution.
Au fil des livres blancs, l'évolution des mentalités quant à l'avenir des hôpitaux de proximité est évidente. Les maires – ils l'écrivent sur presque tous les sujets – sont prêts au changement. Quand ils criaient il y a quelques années seulement à la transformation de leurs hôpitaux en « mouroirs », ils veulent aujourd'hui «faire reconnaître les établissements des petites villes comme pivot dans la prise en charge des seniors». Ils ont fait du chemin aussi quand ils revendiquent des activités d' «enseignement et de recherche (…) en tant que partenaires de filières, telles la gériatrie ou la médecine de premier recours». Mais – et c'est un autre fruit de l'expérience – il n'est plus question de leur faire prendre des vessies pour des lanternes.
Bien qu'un peu en mal de chiffres, l'APVF a regardé de près la récente restructuration des plateaux techniques. Que constate- t-elle ? «Une diminution d'implantation chirurgicales comprise, selon les régions, entre 5,4 et 12,4%, à rapprocher d'une augmentation d'implantation en médecine comprise entre 1 et 3%.Le compte, s'alarme-t-elle, n'y est pas.» Ce qui la pousse à demander aux pouvoirs publics davantage de transparence et de concertation.
Le parc vu par ses présidents
Voici comment les maires dépeignent le parc hospitalier des petites villes :
– 500 centres hospitaliers (répartis pour plus de la moitié dans des petites villes et pour le reste dans des communes rurales ou dans des plus grandes villes) et plus de 300 hôpitaux locaux, soit la majorité des établissements publics.
– Ces hôpitaux pèsent moins de 50 % dans les dépenses hospitalières et emploient moins d'un agent sur deux.
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