ENTRE février 1997 et décembre 1998, 928 ouvriers âgés de 40 à 55 ans en 1995 et qui cette année-là avaient travaillé au moins 1 000 heures par an dans une exploitation viticole, ont été inclus dans l’étude Phytoner. Au moment de l’inclusion, les participants ont été soumis à une batterie de 9 tests neuropsychologiques. Quatre ans plus tard, entre 2001 et 2003, une nouvelle batterie de tests a été réalisée.
Les résultats à quatre ans portent sur un échantillon de 614 sujets avec un suivi moyen de 4,7 ans. Parmi eux, plus de la moitié a été directement exposée (54,7 %), 1 sur 5 ne l’a jamais été et 26 % l’ont été indirectement de manière certaine ou possible. Comme prévu, les auteurs Isabelle Badi et coll. (laboratoire Santé Travail Environnement de l’Institut de santé publique d’épidémiologie et de développement et centre INSERM U 897)* ont mis en évidence une baisse des performances à certains ou à tous les tests, baisse liée au vieillissement (un gain de 1 an est associé à un risque plus élève de 5 à 16 % d’avoir un mauvais score), à un faible niveau d’éducation, à une consommation excessive d’alcool, à la prise de médicaments psychoactifs ou à la présence d’une dépression.
Mais, surtout, l’analyse univariée comparant les différents groupes de l’étude confirme « que le risque d’avoir un mauvais score au test est significativement plus élevé chez les sujets exposés, directement ou indirectement, que chez les sujets non exposés ». Chez les sujets exposés le risque d’avoir de faibles scores aux tests, à l’entrée ou après 4 ans, était 5 fois plus élevé. En particulier, le risque d’observer un score inférieur de 2 points au test MMSE (Mini-Mental State Examination) était 2 fois plus élevé. Or, soulignent les auteurs, ce test est fréquemment utilisé pour diagnostiquer une démence.
De plus, excepté pour deux tests, la baisse de performance entre le début de l’étude et la fin de la période de suivi a été plus importante chez les sujets exposés que chez les autres. Le déclin observé au test MMSE « est particulièrement étonnant compte tenu de la faible durée de la période de suivi et de l’âge relativement peu élevé des participants », notent les auteurs, qui posent la question d’une possible évolution ultérieure vers une maladie neurodégénérative. « De nombreuses études ont montré que de faibles performances cognitives étaient associées à un risque de démence », soulignent-ils.
* Ont aussi participé à l’étude le CNRS, UMR 5231 de l’université Victor-Segalen (Bordeaux 2) et le centre François-Baclesse (Groupe régional d’études sur le cancer, université de Caen).
lequotidiendumedecin.fr, le 02/12/2010
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