ON DESIGNE sous le terme de peptides natriurétiques des hormones contre-régulatrices impliquées dans l'homéostasie volumique et le remodelage cardiaque. Le peptide atrial natriurétique et le peptide natriurétique de type B sont sécrétés par les cardiomyocytes en réponse à une majoration de pression au niveau du mur ventriculaire ou auriculaire.
Si des études cliniques ont déjà prouvé l'intérêt de la mesure de ces deux peptides dans le suivi clinique et le pronostic des syndromes coronariens aigus et de l'insuffisance cardiaque, l'utilité de ce type de mesure chez des sujets non hospitalisés reste encore discutée. Certaines études ont, en effet, retrouvé une association entre l'élévation de ces taux et le risque de décès, mais leurs résultats ne permettaient pas d'établir un lien entre la cause de la mort et les modifications plasmatiques de ces valeurs.
Une étude spécifique.
Une équipe de cardiologues américains a imaginé une étude spécifique sur la relation entre les peptides natriurétiques plasmatiques et l'incidence des événements cardio-vasculaires, de l'insuffisance cardiaque et de la fibrillation auriculaire dans un sous-groupe de participants de l'étude Framingham. Un dosage du peptide natriurétique de type B et de la fraction N terminale de peptide natriurétique proatrial ainsi qu'une échocardiographie ont été réalisés chez 3 346 personnes, au moment de l'entrée dans l'étude.
Les sujets inclus étaient âgés en moyenne de 59 ans, 40 % présentaient une hypertension, 10 % un diabète, leur IMC était de 28,6 en moyenne pour les 1 562 hommes et de 27,3 pour les 1 784 femmes. En outre, 7 % des hommes avaient déjà souffert d'infarctus du myocarde. Enfin, 14 % des hommes et 11 % des femmes étaient traités par bêtabloquants ; 14 % des hommes et 9 % des femmes par inhibiteur de l'enzyme de conversion.
Augmentation d'une déviation standard.
Durant le suivi moyen de 5,2 ans, 119 participants sont décédés et 79 ont présenté un premier épisode de pathologie cardio-vasculaire. Après ajustement pour les facteurs de risque, une augmentation d'une déviation standard du logarithme du taux sanguin de peptide natriurétique de type B était associée avec une augmentation de 27 % du risque de décès (p = 0,009), de 28 % du risque de premier épisode de pathologie cardio-vasculaire, de 77 % du risque d'insuffisance cardiaque et de 53 % de celui d'accident vasculaire cérébral (transitoire ou définitif).
Des résultats similaires ont été retrouvés avec la mesure de la fraction N terminale de peptide natriurétique proatrial.
Aucun lien statistique entre les taux de peptides mesurés et le risque de pathologie coronarienne n'a, en revanche, été retrouvé.
Pour les auteurs, « ce type de mesure pourrait constituer un outil de dépistage de pathologies cardiaque - en particulier du risque d'insuffisance cardiaque - seul ou en association avec l'échographie cardiaque ». Néanmoins, ces données doivent encore être validées à plus large échelle sur des populations ne contenant pas exclusivement, comme l'étude Framingham, des sujets caucasiens.
« New England Journal of Medicine », vol. 350 ; 7 ; pp. 655-663, 12 février 2004 .
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