LA QUARANTAINE de peintures et de dessins du XIXe et du début du XXe exposés ici retracent la richesse et la vitalité que connut la vie artistique arménienne pendant un siècle. Ces peintres semblent avoir absorbé la plupart des courants artistiques qui régnèrent en Europe durant ces années d'avant-garde et de modernité : romantisme, fauvisme, réalisme, symbolisme, post-impressionnisme…
Intéressons-nous d'abord à l'oeuvre de Hakob Hovnatanian, que l'on appela le « Raphaël de Tiflis ». Il révolutionna le genre du portrait et se plut à peindre des physionomies mystérieuses, mélancoliques et intériorisées. Les portraits de Stepan Aghadjanian sont, quant à eux, imprégnés de l'art réaliste de Gustave Courbet. C'est la technique du pastel qu' Enovk Nasariants utilisa tout au long de sa carrière, pendant laquelle il représenta avec précision les habitants de la ville de Tiflis (capitale de la Géorgie, aujourd'hui Tbilissi).
Peintre de plein air, Eghiche Tadevossian introduisit un langage moderne – impressionniste et pointilliste – dans la peinture arménienne. Hovhannes Aïvazovski, le célèbre auteur de marines exaltées, est ici représenté avec un paysage du mont Ararat, symbole séculaire de l'Arménie, tandis que Guevorg Bachindjaghian, le fondateur de l'école paysagiste, retranscrit une nature calme et sereine, baignée de sentiments lyriques. Les paysages post-impressionnistes de Panos Terlémézian, aux subtiles tonalités, s'inspirent de sa région natale du lac de Van. L'âme patriotique de Vardgues Souréniants se retrouve dans la plupart de ses oeuvres. Chantre du genre historique, le peintre livre dans son oeuvre des événements de l'histoire et des légendes antiques de son pays.
Plus loin, l'on découvre Vano Khodjabekian qui fut le représentant du mouvement primitiviste en Arménie, à l'instar du Douanier Rousseau en France. Les oeuvres très touchantes et sensibles de cet autodidacte s'inspirent de la vie quotidienne et populaire. Enfin, les peintres Martiros Sarian et Georgui Yakoulov sont particulièrement mis en valeur. Le premier, considéré comme le père de la peinture moderne arménienne, créa des paysages, des natures mortes, des portraits, des décors de théâtre et des illustrations, colorés et dansants, dans une synthèse heureuse des sensibilités orientale et occidentale. Le second, qui doit sa célébrité au théâtre, révolutionna les domaines de la scénographie, des costumes et des décors.
> DAPHNÉ TESSON
« Peintures en Arménie (1830-1930) », Petit Palais, avenue Winston-Churchill, Paris 8e. Tél. 01.53.43.40.00. Tlj sauf lundi, de 10 heures à 18 heures. Entrée libre. Jusqu'au 19 août. A lire : le hors-série de « Connaissance des arts », 36 p., 8 euros.
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