L A démographie médicale et la revalorisation des tarifs sont les préoccupations majeures du Syndicat national des pédiatres français (SNPF), qui réunit environ 1 200 des 2 900 pédiatres libéraux français. Sur le premier point, le syndicat sera reçu jeudi au ministère de la Santé.
« Nous allons faire valoir le rôle de la pédiatrie ambulatoire, explique le Dr Jean Grunberg, son président. Sa survie passe par le nombre de pédiatres formés chaque année. Deux cents praticiens nous paraît la barre limite en deçà de laquelle les départs à la retraite ne peuvent être compensés. Néanmoins, en raison de l'application du plan périnatalité, nous craignons que les besoins des hôpitaux, en particulier les hôpitaux généraux, soient tout juste comblés, tandis que la pédiatrie de ville risque encore de manquer d'effectif. Il faut également tenir compte de la féminisation de la profession. Quatre-vingt pour cent des jeunes pédiatres sont des femmes. Or, les statistiques montrent que les carrières féminines se prolongent bien moins longtemps que celles des hommes ».
L'autre préoccupation du SNPF porte sur la revalorisation de la consultation. « Nous essayons de revenir à la charge auprès de la CNAM pour savoir ce qui s'est passé, confie le Dr Grunberg, qui s'interroge. Pourquoi le 9 mai, a-t-on annoncé, sur la foi des quatre grandes organisations syndicales des médecins, une revalorisation à 200 francs, alors que le 11 mai, on nous annonçait que ce n'était pas le cas ? » Le SNPF tient néanmoins à afficher son optimisme : « Ce qui est positif pour nous, c'est la création d'un CS pédiatrique. »
Auparavant, la CNAM avait proposé un CS majoré, que le syndicat avait refusé, en raison des « contraintes trop marquées » qui y étaient associées. Le syndicat réclame un CS pédiatrique, à l'image du CS psychiatrique. « Les pédiatres exercent en grande partie des gestes lents, intellectuels, qui prennent du temps. Il faut tenir compte de cette spécificité », estime le Dr Grunberg.
A défaut d'un CS pédiatrique, le SNPF accepterait un CS majoré, à condition de valoriser certains actes, notamment ceux qui portent sur les enfants de moins de quatre ans ou sur les adolescents.
Cette revalorisation de la consultation est considérée comme vitale par le syndicat. « La dépréciation de la pédiatrie dans l'échelle des revenus entraîne une baisse de l'attractivité de la profession. On risque ainsi de pénaliser la pédiatrie libérale et de se trouver dans un système à l'anglaise, où les pédiatres se trouvent seulement à l'hôpital. Si c'est le cas, c'est un choix politique qu'il faut exprimer. Sinon, il est temps d'agir », conclut le Dr Grunberg.
Le Collectif des pédiatres libéraux, qui regroupe 450 adhérents, partage les mêmes revendications que le SNPF, qu'il s'agisse de la démographie médicale ou de la revalorisation tarifaire. En revanche, ses méthodes sont différentes. « Le syndicat veut passer par les institutions, comme la Société française de pédiatrie. Nous, nous sommes convaincus qu'il faut aller à la rencontre des patients et faire passer le message par les médias », explique le Dr Frédéric Delacourt, vice-président du collectif, qui est à l'origine d'une pétition lancée auprès des familles : elle a déjà recueilli les noms de 250 000 familles. Peu conciliant avec le ministère, le collectif considère que son erreur est d'avoir « une position dogmatique, qui ne tient pas compte de l'avis du patient ». En revanche, il se montre plutôt bienveillant à l'égard de la CNAM, en considérant que le SNPF a crié victoire trop tôt au sujet du passage de la consultation à 200 francs. La CNAM, elle, précise seulement que « la revalorisation ciblée de la pédiatrie en fonction du contenu médical, de la continuité et de la qualité des soins est à l'étude ». Une rencontre entre les pédiatres et l'assurance-maladie devrait avoir lieu la semaine prochaine.
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