Les pays d'Europe de l'Est se sentent les mal-aimés de la recherche européenne

Publié le 30/09/2001
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De notre correspondant

En dépit des nombreux programmes d'association et de coopération entre l'Union européenne et les pays d'Europe centrale et orientale (PECO), les chercheurs de ces pays ont l'impression de ne pas lutter à armes égales avec leurs collègues d'Europe de l'Ouest, constate le député tchèque Petr Mateju, qui dénonce le retard accumulé par les institutions scientifiques de ces pays en matière de recherche et développement.

« Nous avons de bons scientifiques, mais nous ne savons pas être innovants et compétitifs », regrette le parlementaire praguois, qui appelle les organismes de recherche occidentaux à les soutenir dans ces domaines. « En nous aidant à moderniser nos structures et à évaluer nos projets avec la même rigueur que vous le faites pour les vôtres, vous nous permettrez enfin de participer pleinement aux grands programmes scientifiques européens et d'exploiteraussi leurs retombées », explique-t-il. Dans nos pays, souligne-t-il en substance, la moitié des dépenses de recherche est gaspillée dans des projets sans intérêt ou redondants ; les universités et les académies des sciences ne savent ni travailler ensemble, ni traduire en innovation les résultats de leur recherche fondamentale.
C'est seulement lorsque nous aurons appris tout cela, conclut M. Mateju, que nous cesserons d'être les « perdants » de la communauté scientifique internationale.

Enrayer la fuite des cerveaux

De plus, ces réformes structurelles indispensables permettront aux PECO d'enrayer la « fuite des cerveaux » qui pèse lourd sur leurs capacités d'innovation. Les jeunes postdoctorants originaires de ces pays sont peu tentés d'y retourner ou d'y rester, non seulement en raison des rémunérations insuffisantes qui leur sont offertes, mais aussi, voire surtout, parce qu'ils ne trouvent pas chez eux de laboratoires et d'équipements comparables à ceux que leur offrent les pays occidentaux. Enfin, les pays de l'Europe du Sud-Est, c'est-à-dire les Etats balkaniques et les successeurs de l'ex-Yougoslavie, déplorent leur intégration insuffisante dans les grands réseaux européens de coopération scientifique et universitaire, alors que le soutien de l'Europe à l'enseignement supérieur dans ces pays pourrait, d'une part, contribuer à leur stabilité et, d'autre part, les aider à moderniser leur tissu économique et social.

Denis DURAND DE BOUSINGEN

Source : lequotidiendumedecin.fr: 6978