EN 2004, LE SECOURS CATHOLIQUE a traité environ 650 000 situations de pauvreté, ce qui représente 1 500 000 personnes, parmi lesquelles 690 000 enfants. C'est 6 % de moins qu'en 2003. Mais l'organisation observe un appauvrissement des pauvres : leur revenu mensuel ne dépasse pas celui de l'année 2000, voire, pour les allocataires du revenu minimum d'insertion, celui de 1999 : 471 euros en 2004, contre 468 en 2003, soit une diminution de 1,5 % en euros constants. Dans 90 % des situations rencontrées, le niveau de vie est inférieur à 700 euros.
Plus de la moitié (58 %) des familles aidées ont des impayés qui, en moyenne, correspondent à deux mois de revenu (impayés de loyers pour 44 %, d'énergie pour 37 %, d'eau pour 17 % et de crédit à la consommation pour 15 %).
L'âge des personnes rencontrées augmente, passant de 38,8 ans en 1999 à 39,7 ans en 2004. Tandis que les moins de 40 ans sont en diminution, les 50-59 ans se font plus nombreux, avec le surcroît d'effectifs des baby-boomers conjugué aux difficultés d'emploi des personnes qui arrivent en fin de carrière.
Dans le même temps, la monoparentalité augmente. Elle touche trois familles sur cinq. La proportion de pères seuls passe de 2,4 % en 1999 à 3,1 % en 2004.
Le logement de plus en plus facteur d'exclusion.
Le Secours catholique constate, en outre, l'augmentation du nombre des demandeurs d'emploi non indemnisés : ils représentent 27,1 % des situations rencontrées et deux chômeurs sur trois.
Dans ce contexte de durcissement des conditions de vie, la population pauvre décroche d'autant plus vite des circuits économiques et sociaux que les logements sont de plus en plus souvent précaires : 27,5 % des cas, en augmentation de trois points, tandis que les logements stables (72,5 % des personnes accueillies) diminuent en proportion. Résultat : 2,7 % des personnes aidées vivent à l'hôtel et 1,7 % dans une caravane, 6,9 % sont hébergées dans des centres d'accueil d'urgence. Pour 5,3 % enfin, essentiellement des hommes, des étrangers et des jeunes en situation de rupture familiale, il ne reste que le squat, l'abri de fortune ou la rue.
Le Secours catholique note des éléments aggravants de l'exclusion, telle la flambée des loyers, qui touche plus fortement les ménages modestes : le loyer moyen des locataires privés rencontrés au Secours catholique a augmenté de 18,5 %, alors que, dans le même temps, on relevait une hausse de 11,8 % pour l'ensemble de la population locataire du parc privé.
Parmi les locataires du parc social (HLM) dominent des familles françaises stables avec des ressources régulières, tandis que brillent par leur absence les étrangers et en particulier les demandeurs d'asile. La proportion d'étrangers dans les accueils augmente, passant de 27,4 à 28,1 %, 1,2 % venant d'un pays de l'Union européenne. Les sans-papiers progressent nettement, de 7,4 à 9,2 %. « La pénurie de logements sociaux fait apparaître une grave rupture dans le principe d'égalité entre personnes et familles, une situation qui développe de l'amertume et un ressenti d'injustice forte qu'il est indispensable de prendre en compte », souligne le rapport, alors que l'actualité des violences en banlieue parisienne, ces dernières nuits, focalise l'attention nationale.
Au total, estime le rapport du Secours catholique, ce ne sont pas moins de trois millions de femmes, d'hommes et d'enfants qui vivent aujourd'hui dans des logements surpeuplés et insalubres, en « un quotidien devenu banal ».
Plan Hiver : 9 000 places en plus
Activé le 1er novembre, le plan Hiver 2005-2006 bénéficie jusqu'au 31 mars prochain de 9 000 places d'hébergement supplémentaires destinées aux sans-abri, annonce la ministre déléguée à la Cohésion sociale et à la Parité, Catherine Vautrin. Elles s'ajoutent aux 20 900 places disponibles tout au long de l'année.
Trois niveaux de mobilisation sont définis : le niveau 1, dit de mobilisation hivernale, avec 5 334 places, le niveau 2, dit de grand froid, déclenché en cas de situation météorologique aggravée, avec 3 809 places supplémentaires, et le niveau 3, dit de froid extrême, qui prévoit l'identification de sites potentiels pouvant accueillir un grand nombre de personnes, plus de 3 000 places étant déjà identifiées.
Mme Vautrin en appelle à la « vigilance citoyenne » pour signaler les personnes qui nécessitent une prise en charge rapide, rappelant l'existence du numéro d'aide aux sans-abri, le 115, les urgences médicales, le 15, et les pompiers, le 18.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature