L'INITIATIVE du premier forum pour les patients atteints de cancer du rein revient au Pr Bernard Escudier (chef du service d'immunothérapie à l'institut Gustave-Roussy) et au Pr Arnaud Mejean (urologue à l'hôpital Necker), spécialistes mondiaux du cancer du rein. Cette réunion d'envergure s'inscrit dans les objectifs de l'association Artur, créée par le Pr Escudier en octobre 2005 pour favoriser l'information sur les cancers du rein, alors qu'on dénombre en France chaque année plus de 8 000 nouveaux cas et 3 500 décès. « Le besoin d'information des patients est important du fait d'une évolution considérable des traitements tant chirurgicaux que médicaux, avec notamment l'arrivée des antiangiogéniques », souligne le Pr Escudier.
Les principaux facteurs de risque identifiés de ce type de cancer plutôt masculin (64 % des patients) ont d'abord été évoqués : le tabagisme, l'obésité, l'hypertension artérielle. D'autres facteurs sont également répertoriés : facteurs génétiques, expositions professionnelles à certaines substances (sels de cadmium, plomb, hydrocarbures...), insuffisance rénale traitée par dialyse...
La chirurgie évolue.
Les nouveautés thérapeutiques ont été présentées. La chirurgie est une arme majeure, utilisé dans 100 % des cas et qui guérit 60 % des cancers. Elle a beaucoup évolué ces dernières années : d'une chirurgie totale ablative, on est passé à une chirurgie partielle pour les petites tumeurs. « Le dogme selon lequel toute tumeur du rein doit être traité par une large ablation est révolu. » La chirurgie partielle préservatrice permet un bon contrôle de la maladie et améliore les résultats fonctionnels. L'acte chirurgical est aussi de plus en plus pratiqué par cœlioscopie, qui, avec des résultats identiques à la chirurgie traditionnelle, offre des avantages cosmétiques indéniables et des suites opératoires plus courtes, moins douloureuses. De nouvelles possibilités, non chirurgicales, se dessinent également pour l'ablation des tumeurs rénales : la radiofréquence et la cryoablation. Ces techniques en voie de développement sont indiquées pour des tumeurs inférieures à 3 cm, après un choix très sélectif des patients.
Quant aux traitements médicaux ils sont en pleine mutation, sachant qu'aucun traitement préventif n'existe, et que la chimiothérapie classique n'est pas efficace. Mais plusieurs armes thérapeutiques sont à la disposition des oncologues depuis ces toutes dernières années, voire mois. Ce sont les immunothérapies, les antiangiogéniques (Sutent, Nexavar...), qui améliorent la durée de vie des patients avec une bonne qualité de vie. D'autres nouveaux traitements ouvrent des voies prometteuses (Avastin...).
La deuxième partie du forum a été consacrée à un échange entre les patients et les orateurs. Ce débat d'une haute tenue a été introduit par l'acteur Bernard Giraudeau, parrain de l'association Artur et lui-même touché. Avec tact, pudeur, réalisme, il a évoqué sa maladie, son parcours et ses rechutes, son attitude vis-à-vis de l'annonce de sa maladie et « sa nouvelle vie après ce bouleversement ». Des témoignages bouleversants et spontanés ont été formulés, des messages d'espoir, de soutien ont été livrés par des patients vis-à-vis d'autres patients encore sous le choc de l'annonce de la maladie.
Le forum, plein d'enseignements et de dignité, devrait être renouvelé l'année prochaine. L'organisation d'autres réunions identiques est également envisagée dans de grandes villes de province. Pour prolonger les échanges, pour satisfaire le besoin d'information des patients atteints par la maladie, un site Internet créé par l'association Artur est depuis quelques jours opérationnel, www.artur-rein.org
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