« Près de 600 molécules sont dans des essais de phase I à III, a expliqué Éric Angevin, du service de recherche clinique de l’Institut Gustave-Roussy. Même si 5 % seulement aboutissent, cela donnera une trentaine de nouveaux traitements. » Par ailleurs, les pratiques et les standards évoluent « et l’accélération d’ouverture d’ATU* est un point positif. Par contre, un effort de structuration et surtout de communication de ces essais doit être fait auprès des patients mais aussi des professionnels. Et le soutien de l’Inca est important en la matière. »
Certes, La recherche coûte cher, « mais il s’agit d’un investissement. Les coûts et les délais pour d’identification des biomarqueurs par exemple ont déjà baissé, a expliqué Jacques Raynaud, président de l’ARC (Association de recherche contre le cancer). Et un retour médico-économique est attendu sur cet investissement. »
Une étude comparative entre les pays européens, sur les essais cliniques, réalisée tous les deux ans par le Leem, montre que la France est bien placée. Mais on remarque un glissement ces dernières années, « sauf en oncologie où la France reste en pôle position grâce à l’organisation en grands centres, au développement des thérapies ciblées, aux degrés d’exigence et le rapport étroit entre les cliniciens et les chercheurs. J’en veux pour exemple le programme du synovial sarcome au centre Léon-Bérard, Lyon, qui intéresse les Japonais. »
Une autre raison d’espérer de pas connaître l’autarcie concerne les essais précoces. Un partenariat entre l’ARC et l’Inca (Institut national du cancer) vise à développer les essais internationaux, pour donner aux patients l’accès aux nouvelles molécules en tests aux États-Unis.
Des préoccupations
Le maillage de plateforme de diagnostic de génétique moléculaire et l’identification des établissements sur des critères de qualité sont une avancée pour Véronique Trillet-Lenoir, président du CNC (Conseil national de cancérologie). Mais « l’égalité d’accès aux médecins, à l’imagerie n’est pas optimal. Le plan cancer doit renforcer son action en ce sens, avec l’appui des associations de patients. »
Une autre préoccupation de Véronique Trillet-Lenoir est la réduction du niveau de remboursement des innovations coûteuses. « Les AMM et les ATU permettent le remboursement intégral des traitements inscrit sur la liste hors-T2A. Il est donc essentiel de maintenir cette liste, déjà remise en cause à plusieurs reprises. »
Le troisième point d’achoppement est la complexité des processus de formation médicale continue (FMC) et d’évaluation des pratiques professionnelles (EPP). « Les lois ne sont pas suivies d’effet. La loi HPST et son article sur le développement professionnel continu devraient permettre d’organiser enfin cela, même si le système est critiquable par le peu de moyens donnés aux médecins pour l’assurer. »
Allier les patients
Les réformes de santé donnent aujourd’hui une voix délibérative aux associations d’usagers. « C’est une première dont on peut se féliciter, s’est réjoui Christian Saout, président du CISS (Collectif interassociatif sur la santé) avant de tempérer. Mais ces représentants doivent être formés pour être efficaces. L’autre défi est d’organiser un véritable pôle d’associations de patients et d’usagers comme il existe dans d’autres pays, pour avoir une influence réelle face aux autres acteurs de la santé. »
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