DE NOTRE CORRESPONDANTE
AU MOINS DEUX ANS : c'est le délai pendant lequel d'éventuels effets secondaires pourront apparaître. Les patients devront donc s'armer de patience car le même délai sera nécessaire pour infirmer ou confirmer les éventuelles conséquences sanitaires liées à l'incident du CHU toulousain. «A ce jour, il est impossible de dire si les effets secondaires ressentis par certains patients relèvent ou non du surdosage», explique Julien Collet, le chef de la division de l'ASN de Bordeaux. Un suivi sera donc proposé aux patients concernés par l'Institut national de veille sanitaire. Pour l'heure, l'équipe soignante a identifié six cas pour lesquels plus de 5 % du volume de l'organe sain environnant aurait été affecté par la surdose. Dans une lettre de suite adressée à l'établissement, l'ASN demande que les dossiers complets de ces six patients soient transmis à l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (Irsn) pour expertise. C'est le Pr Patrick Gourmelon l'expert en radiopathie.
L'autre aspect important de ce rapport sont les précisions attendues par l'ASN sur les facteurs organisationnels et humains (charge de travail, compétences, formation, etc.) au sein du centre de radiochirurgie stéréotaxique. Des aspects qui pourraient en partie expliquer l'incident. «Il s'agira de vérifier s'il y a eu une éventuelle défaillance organisationnelle et/ou humaine, mais aussi de mesurer si les moyens et le temps impartis au calibrage de l'appareil ont été suffisants. Si nous nous attachons particulièrement à ces aspects, c'est parce que l'on sait aujourd'hui que, sur la quinzaine d'événements qui se sont produits en radiothérapie depuis 2005, les facteurs organisationnels entrent très souvent en ligne de compte. Pour sa part, le CHU de Toulouse reconnaît son erreur d'utilisation», détaille encore Julien Collet. En effet, selon le rapport, «c'est aux physiciens de paramétrer la machine en fonction des outils dont ils disposent et des techniques de thérapie» ; quant au fabricant, «il ne préconise pas de procédure standard pour calibrer les faisceaux». L'établissement s'est donc engagé à fournir ces précisions d'ici à la mi-juillet, date à laquelle il aura revu tous les patients en consultation dans le cadre de sa procédure de surveillance.
Effets secondaires.
L'ASN estime, par ailleurs, que les suites de l'incident ont été gérées de façon satisfaisante par l'établissement, «avec une déclaration auprès de l'ASN relativement rapide», indique Julien Collet. Un avis que ne partagent pas tous les patients. Nadine, traitée il y a sept mois, assure n'avoir jamais été convoquée par l'hôpital et ne voit pas les effets secondaires attribués à la surirradiation s'estomper pour l'instant. «Mon acuité visuelle a baissé et ma paralysie faciale ne cesse d'empirer», dit-elle. Une dizaine de patients, dont Nadine, sont sur le point de constituer une association*. «L'objectif est de rassembler le plus grand nombre de témoignages pour comprendre ce qui s'est passé. Nous avons déjà interpellé le CHU, qui n'a à ce jour pas répondu. Nous souhaiterions privilégier avec eux une solution humaine. Si cela n'est pas possible, nous n'excluons pas de porter plainte et d'aller jusqu'au pénal», explique leur avocat, Me Christophe Léguevaques.
* SOS irradiés 31, contact toulouse@cle-avocats.com.
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