Les patients à l'école du médicament

Publié le 30/09/2003

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La non-observance médicamenteuse des patients psychiatriques concerne entre 40 et 50 % des cas, avec un risque de rechute important. Parmi les raisons fréquemment retrouvées apparaissent parfois le sentiment d'être guéri, souvent la peur des effets secondaires ou celle d'être drogué.

Mis en place à l'initiative de deux pharmaciennes hospitalières de Pau (Marie-Lise Biscay) et Toulouse (Claudine Fabre), l'atelier du médicament s'adresse aux patients accueillis dans les services hospitaliers, en CMP (centres médico-psychologiques), hôpitaux de jour ou CATTP (centres d'accueil thérapeutique à temps partiel). « L'information sur le médicament fait partie des missions des pharmaciens hospitaliers », explique Claudine Fabre.

Mieux comprendre son traitement

L'atelier du médicament doit permettre de répondre aux questions des patients - « Et Dieu sait s'il y en a ! », remarque Marie-Lise Biscay - et les responsabiliser vis-à-vis de leur traitement. L'idée ? Donner une image plus positive des médicaments psychotropes. La participation à l'atelier est déterminée par une prescription médicale, selon différents critères : le patient doit être relativement stabilisé et/ou connu comme peu observant, capable de se concentrer pendant une heure, de comprendre et intégrer les informations délivrées lors de la séance et de respecter les temps de parole des autres. Si chaque séance est précédée d'une concertation avec l'équipe soignante, l'atelier lui-même se fait sous la houlette du pharmacien hospitalier, si possible en l'absence du psychiatre.
Chaque groupe réunit de 8 à 10 patients atteints de pathologies diverses (principalement schizophrénie et troubles bipolaires) et un ou deux infirmiers hospitaliers. Deux types de programmes sont proposés : l'un consiste à informer simplement les patients ; l'autre est un groupe de parole qui se poursuit sur quelque huit séances en trois mois. Une présentation générale des médicaments est suivie de débats sur les effets bénéfiques et indésirables des classes les plus utilisées (neuroleptiques, puis antidépresseurs et médicaments du sommeil). L'atelier aborde ensuite les interactions entre les psychotropes et l'alcool et les drogues, avant de se pencher sur l'observance, la durée du traitement et la prévention des rechutes (notamment en apprenant à identifier les signes d'alerte).

Une formation pour les pharmaciens hospitaliers

Les médecins et soignants constatent une meilleure observance médicamenteuse chez les patients qui ont participé à l'atelier. Ils apprécient aussi la possibilité ainsi offerte aux patients de s'exprimer en groupe et en dehors du cadre habituel de la consultation de psychiatrie. A ce jour, seulement de 150 à 200 patients sont passés par l'atelier, mais une dizaine d'établissements sont en passe d'adopter le concept.
Développé au plan national depuis 2002 en partenariat avec l'institut Lilly, le concept d'atelier du médicament prend une envergure nationale avec la mise en place d'une formation à destination des 150 pharmaciens hospitaliers de France. Elle se déroule en deux jours : d'abord, l'atelier et ses réalisations sont présentés ; puis, les candidats participent à des mises en situation (jeux de rôles) et intègrent les outils nécessaires pour animer à leur tour des ateliers de ce type. Selon Marie-Lise Biscay et Claudine Fabre, en s'impliquant ainsi dans la relation aux patients, les pharmaciens ne se substituent pas au médecin mais s'inscrivent dans une complémentarité. On ne peut pour autant s'empêcher de penser que si les praticiens avaient la possibilité, en termes de disponibilité notamment, de nouer une relation plus satisfaisante avec leurs patients, la nécessité de ce genre d'initiative serait moins criante.

Flavie BAUDRIER