ENVIES URGENTES à répétition, brûlures, fuites : pas de doute, le patient présente des troubles mictionnels. Un problème qui n'est pas réservé aux personnes âgées et qui peut être évité en éduquant les enfants, dès le plus jeune âge, à bien faire pipi. C'est en tout cas ce qu'assure l'Association française d'urologie en souhaitant lever le voile une année de plus sur ce sujet, considéré encore comme tabou par de nombreuses personnes. «L'incontinence touche tous les âges et les deux sexes. Il est donc important que l'urologue en fasse un diagnostic le plus adapté possible. Mais, avant cela, il faut encourager les patients à dépasser leurs réticences pour en parler», assure le Dr Jérôme Grall, secrétaire général adjoint de l'AFU. C'est dans ce but que l'association met en place une permanence téléphonique tenue par des urologues les 2 et 3 avril (0820.202.502) et propose des outils éducatifs pour les plus petits : un accroche-porte explicatif afin d'apprendre à bien faire pipi, ainsi qu'un livret « Pipi zen, pipi stress », qui propose de sensibiliser les enfants à l'hygiène collective des toilettes et à leur propre comportement mictionnel.
Il existe quatre grands types de fuite d'urine selon les âges : l'énurésie, très fréquente chez les enfants ; la fuite à l'effort, répandue chez les femmes qui ont connu un accouchement ou au moment de la ménopause et parfois chez l'homme à la suite d'une intervention chirurgicale de la prostate ; le besoin urgent d'aller aux toilettes ; et, plus rare, la fuite par regorgement, due à une vessie qui se vide mal dans le cas de pathologies neurologiques ou à cause de problèmes de prostate. Mais très souvent, l'incontinence urinaire, qui touche près de trois millions de Français, provient de plusieurs facteurs (vessie trop petite, muscles du périnée ou du sphincter trop faibles, vieillissement, dysfonctionnement du système nerveux central) qu'il reviendra à l'urologue d'identifier.
«L'impériosité est le symptôme le plus gênant, car imprévisible. Il peut être alors vécu par certaines personnes comme un calvaire social», explique le Dr Florence Cour. Il s'exprime tout au long de la journée, ou dans des situations spécifiques. Un cas très courant : celui du moment où l'on met la clef dans la serrure. L'association pavlovienne avec le retour chez soi est directe. Un autre cas fréquent est celui de l'orgasme… Et il peut y avoir des fuites «si le délai de sécurité (15 min en temps normal) entre le besoin pressant et la miction est si ténu qu'il ne laisse pas le temps d'atteindre les toilettes». L'incontinence urinaire par impériosité est souvent liée à une hyperactivité vésicale. Les capteurs de la vessie envoient des messages au cerveau pour qu'il ordonne la contraction du détrusor et le relâchement du sphincter. Parfois, le détrusor peut avoir des contractions inappropriées qui ne sont pas inhibées par les mécanismes réflexes habituels.
L'importance de la première consultation.
Dans un premier temps, le médecin traitant peut donner des conseils d'hygiène après avoir identifié les symptômes de troubles mictionnels (boire suffisamment mais sans excès, limiter le thé, le café et les épices, ainsi que les boissons alcoolisées) ou prescrire un premier traitement si nécessaire, avant d'orienter le patient vers un urologue pour un bilan plus approfondi. Durant un premier entretien, ce dernier tentera de préciser avec le patient les antécédents, les circonstances de l'incontinence, la fréquence des fuites, les événements associés (dysurie, pollakiurie, syndromes douloureux, les éventuels troubles anorectaux associés), ainsi que le retentissement de l'incontinence sur la qualité de vie. Les questionnaires MHU (mesure du handicap urinaire, ou ICIQ (International Consultation on Incontinence Questionnaire) peuvent l'aider dans cette démarche, à la suite de laquelle il pourra classer l'incontinence par types (IUE, impériosité ou mixte). Au cours de l'examen clinique, il s'agit d'identifier des fuites à la toux, en cas d'IUE, vessie pleine ; d'apprécier le tonus des muscles du périnée ou encore, chez la femme, de chercher éventuellement un prolapsus associé. «L'utilisation d'un catalogue mictionnel est par la suite indispensable pour évaluer la cause des symptômes avant d'envisager un traitement», souligne le Dr Cour. Cet outil précieux pour les urologues aide à repérer certaines anomalies de comportement et à entamer une rééducation comportementale afin d'espacer les mictions et d'allonger, ainsi, le délai de sécurité entre l'envie pressante et la miction.
Informations : www.urofrance.org.
Des traitements adaptés
– La rééducation
La rééducation périnéale est pratiquée chez un kinésithérapeute spécialisé dans ce genre de pratique ou chez une sage-femme. Elle encourage la patiente à contracter volontairement ou par électrostimulation les muscles du périnée.
– Solution médicamenteuse
Plusieurs molécules sont disponibles, notamment des anticholinergiques, qui agissent sur la contraction du détrusor.
– Chirurgie
Dans l'incontinence urinaire d'effort, la mise en place de bandelettes sous-urétrales qui empêchent le relâchement à l'origine de la fuite peut être envisagée.
En cas d'hyperactivité vésicale, l'injection de toxine botulique (cas de sclérose en plaques) ou l'implant d'un neuromodulateur contrôlable par le patient et testé au préalable durant une semaine sont pratiqués.
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