PRATIQUE
@SX:I. ATTEINTES CARIEUSES
@SY:Chez l'enfant
Globalement, les enfants handicapés présentent un indice carieux inférieur à celui des enfants de la population générale, principalement du fait qu'ils n'ont pas un libre accès à la nourriture et que les dents sont renouvelées avant que les pathologies pulpaires n'atteignent des stades irréversibles. Cependant, il faut noter que les indices carieux (CAO), qui sont utilisés pour évaluer et comparer l'importance de l'atteinte carieuse à un âge donné, ne permettent pas de prendre en compte ni le retard du développement dentaire, ni l'absence de certains germes dentaires, qui sont constants pour certains syndromes. De ce fait, les indices CAO relevés dans la littérature pour les enfants handicapés sont souvent sous-estimés.
@SY:Chez l'adulte jeune
Cette situation initiale apparemment favorable s'inverse dès l'adolescence, et les jeunes adultes handicapés présentent un indice carieux plus élevé que les personnes de la population générale, et ce plus particulièrement pour les composantes C (nombre de dents cariées) de l'indice CAO. La lenteur des phases d'éruption, l'absence d'autonettoyage au cours de la fonction, et des conditions d'hygiène rendues souvent défavorables par le passage à l'autonomie ou le changement des conditions de vie favorisent l'apparition et le développement du processus carieux. Les difficultés comportementales impliquent encore trop souvent une anesthésie générale, au cours de laquelle les extractions sont plus fréquentes que les soins conservateurs. De ce fait, la composante A (nombre de dents absentes) de l'indice CAO augmente, alors que la composante O (nombre de dents obturées) diminue par rapport à la population ordinaire.
En l'absence de soins, les lésions carieuses constituent alors des foyers douloureux et infectieux dont l'influence sur le comportement et l'état général peut avoir des conséquences non négligeables. En effet, lorsque ces lésions sont ignorées, ce qui est fréquemment le cas pour ces patients qui ne communiquent pas ou n'interprètent pas le signal douloureux, de sérieux troubles du comportement peuvent apparaître. Par ailleurs, certains syndromes associent des troubles systémiques (diabète, cardiopathies, immunodéficience, etc.) qui peuvent être lourdement aggravés par les foyers infectieux d'origine dentaire (photo 1). De plus, les traitements pharmacologiques qu'impliquent certaines pathologies générales peuvent aggraver le risque carieux en modifiant le pouvoir tampon de la salive ou en diminuant la motricité buccale et les mouvements spontanés d'autonettoyage (neuroleptiques, benzodiazépines, anticomitiaux).
@SX:II. MALADIES PARODONTALES
@SY:De 80 à 90 % des handicapés
Les parodontopathies (maladies des tissus de soutien de la dent) concernent de 80 à 90 % des personnes handicapées, adultes et enfants. Les parodontites sont directement liées, d'une part, à l'absence d'une technique d'hygiène adaptée au patient, et, d'autre part, à la faiblesse des stimulations au cours de la fonction. De plus, la prise d'anti-épileptiques induit une hyperplasie gingivale marquée, favorable au développement de la flore microbienne anaérobie.
L'absence ou l'inefficacité des méthodes d'hygiène buccales habituelles participent au développement de ces pathologies infectieuses qui peuvent atteindre des états que l'on ne rencontre plus depuis très longtemps dans la population générale. Ces états de grande septicité buccale sont plus fréquents pour les personnes vivant en établissements spécialisés, et sont également habituels dans les résidences pour personnes âgées dépendantes (photo 2).
@SY:Des conséquences non négligeables
Les parodontopathies ont des conséquences sociales non négligeables. Elles aggravent le bavage et entretiennent l'halitose (mauvaise haleine). L'évolution spontanée de ces pathologies passe par des stades douloureux et implique à plus ou moins long terme la chute prématurée des dents. En conséquence, la texture des aliments proposés devra être modifiée (passage d'une alimentation normale, fragmentée, à une alimentation hachée ou mixée), ce qui impliquera une aggravation de l'état de dépendance.
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