Six cents places créées en 2000. 300 en 2001. 81 projets à l'étude pour 2002 qui, s'ils aboutissaient tous, correspondraient à un millier de nouvelles places : l'hospitalisation à domicile (HAD) progresse sûrement, mais encore trop lentement, aux yeux de ses promoteurs et de certains malades très demandeurs.
Alors que se tient aujourd'hui à la Maison de la Mutualité, à Paris, la 5e Journée nationale de l'HAD, la Fédération nationale des établissements d'hospitalisation à domicile (FNEHAD), à l'origine de cette manifestation, va une nouvelle fois demander au gouvernement de faciliter le développement de cette forme d'alternative à l'hospitalisation.
Le Dr Pierre-Jean Cousteix, président de la FNEHAD, va plaider en particulier pour l'assouplissement de la procédure du « taux de change » qui conditionne la création d'une place d'HAD à la fermeture d'au moins deux lits de médecine dans les secteurs où la carte sanitaire est saturée. La FNEHAD souhaiterait que des « dérogations » à ce taux de change soient consenties, sur l'initiative desagences régionales de l'hospitalisation (ARH). « Cela existe pour les soins palliatifs qui représentent 30 % de notre activité, explique le Dr Cousteix, il serait logique que l'HAD tout entière puisse en bénéficier. » La FNEHAD voudrait par ailleurs que l'HAD ne soit plus liée à la carte sanitaire de médecine, très souvent saturée, mais à celle des soins de suite et de réadaptation. Le profil des patients soignés en hospitalisation à domicile peut motiver cette demande, comme celle, également formulée par la fédération, de trouver une solution au financement des personnels « aidants ». « Nous faisons face à une demande croissante de malades très lourds, trachéotomisés, souffrant de troubles de la conscience, sous nutrition entérale, observe Pierre-Jean Cousteix, or, sauf dans les très grosses structures, l'HAD n'a pas les moyens de répondre à ce type de besoins. »
Une intervention attendue
Le ministre délégué à la Santé, Bernard Kouchner, sera aujourd'hui à la Mutualité. Il pourrait y rendre compte des travaux menés par un « comité de pilotage sur les perspectives de développement de l'HAD » installé au printemps par la DHOS (direction de l'Hospitalisation et de l'Organisation des soins). Son intervention est en tout cas particulièrement attendue par les partisans de l'HAD. Il y a un an, Dominique Gillot, alors secrétaire d'Etat à la Santé, leur avait promis de doubler le nombre de leurs places en cinq ans et annoncé pour 2001 « un accompagnement particulier de la politique de développement (de l'HAD) ». Dire que les professionnels sont un peu restés sur leur faim avec les 300 places autorisées cette année est un euphémisme. Pour faire décoller l'HAD française, Bernard Kouchner a donc du pain sur la planche. Mathématiquement, puisque la France réunit aujourd'hui quelque 4 000 places d'hospitalisation à domicile - 0,6 % du total des lits hospitaliers- très inégalement réparties sur le territoire, c'est même près de quatre milliers de places qu'il lui reste à créer en quatre ans.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature