Fin des « universités d'été »

Les partis à la peine

Publié le 09/09/2008
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PLUS QUE JAMAIS, le Parti socialiste est déchiré, moins par des différences idéologiques que par des conflits de personnes, avec les consternantes alliances aussitôt trahies auxquelles a donné lieu la réunion de La Rochelle. Or ce sont bien les idiosyncrasies qui deviennent insupportables : Ségolène Royal n'aura pas gagné en popularité avec son «aimez-vous les uns les autres, sinon disparaissez» : elle devrait commencer par s'appliquer à elle-même ce précept très chrétien. Bertrand Delanoë, censé prendre la tête du mouvement parce qu'il serait le moins exposé à la désaffection des militants, a assisté, impuissant, à la confusion de La Rochelle. Une tentative de rassemblement organisée par Pierre Moscovici autour de sa personne a échoué dans la journée, ceux qui venaient de lui faire la promesse de le soutenir s'empressant de le trahir et de faire allégeance à d'autres.

Des rapprochements peu crédibles.

Mais si le PS éprouve tant de mal à s'unir, c'est surtout que les efforts de rapprochement ne sont pas crédibles ; le come-back de Martine Aubry, loin de contribuer à l'unité, ranime la tentation du parti de retourner à ses sources, dans une époque qui réclame infiniment plus d'imagination ; que les strauss-kahniens et les fabiusiens envisagent de créer un noyau ne convainc personne dès lors que tant d'idées les séparent, notamment au sujet de la construction européenne ; et si M. Delanoë a raison de se réserver pour la suite, il entretient du même coup autour de sa personne un mystère peu propice à la conquête du PS, dont les militants continuent à se demander de quel matériau est fait le maire de Paris.

L'IMPUISSANCE DE L'OPPOSITION SUFFIT A RASSEMBLER LA MAJORITE

De son côté, François Bayrou a réuni ses troupes à Agay, dans le Var. Il s'est livré à une démarche dont les effets ne seront pas nécessairement positifs : il a pris la décision de s'orienter à gauche et d'appeler les socialistes à construire avec le MoDem une force plus nombreuse. M. Bayrou s'appuie sur l'idée qu'il représente 17 % des voix, comme si les résultats de 2007 étaient immuables. Maintenant qu'il a fait le choix de la gauche, il perdra nécessairement une partie de ses électeurs. Comme Ségolène Royal, le président du MoDem, n'a pas tiré les leçons de ce qui reste une défaite ; Mme Royal ne peut pas continuer à croire que «quelque chose s'est levé» qui va s'amplifier ; M. Bayrou ne peut pas garantir qu'il aura en 2012 le succès qu'il a eu en 2007.

Bonne humeur.

Face à des adversaires peu inquiétants pour le moment, l'UMP, à Royan, a réaffirmé, dans la bonne humeur, son unité. Pourtant, elle a, elle aussi, ses divisions ; et s'il est vrai que l'autorité du président suffit à la cimenter, rien ne dit que les ambitions personnelles ne vont pas entrer en collision : Jean-Pierre Raffarin veut être élu président du Sénat dans quelques jours et s'oppose notamment à Gérard Larcher ; Patrick Devedjian, plusieurs fois critiqué, se maintient à la tête du parti de façon précaire ; Jean Sarkozy, le fils du président, fait une ascension irrésistible, et plusieurs leaders de l'UMP convoitent la mairie de Paris pour le jour, lointain, où elle sera disponible (au cas où Bertrand Delanoë la quitterait pour une aventure plus exaltante).

Bien entendu, l'UMP tire son contentement de ce que, au lieu d'avoir à imaginer ce qu'elle pourrait faire, elle gouverne. Mais on sait bien que les décisions de M. Sarkozy ou du gouvernement ne sont pas toujours approuvées, notamment la dernière en date, sur le financement du RSA, qui soulève une fronde plus large qu'on n'aurait cru. Et le Nouveau Centre, dirigé par le ministre de la Défense, Hervé Morin, s'élève, avec l'opposition, contre l'adoption possible du système Edvige, nouvel instrument pour ficher la population.

Bref, il y a plus de failles, au sein de la majorité, qu'elle n'en a exposé à Royan, petite fête de fin d'été qui ne prêtait pas à conséquence, sinon qu'elle a montré a contrario combien la gauche est loin de revenir au pouvoir.

> RICHARD LISCIA

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8415