L e Conseil supérieur d'hygiène publique de France (CSHPF) vient de rendre deux avis, l'un concernant la RATP, le second la SNCF, avec de nouvelles recommandations concernant la caractérisation de la pollution atmosphérique des enceintes ferroviaires souterraines d'Ile-de-France.
Ces avis confirment, après les premières mesures effectuées en 2000*, que les particules constituent le polluant majeur des réseaux ferrés souterrains. Les polluants recherchés sont le monoxyde de carbone, le dioxyde de carbone, les oxydes d'azote, l'ozone, le dioxyde de soufre, les hydrocarbures aromatiques monocycliques et les particules en suspension. Concernant les particules (PM10), les campagnes de mesures montrent de fortes disparités des concentrations dans l'espace, selon les stations, et dans le temps.
Les concentrations en souterrain sont toujours très supérieures à celles mesurées à l'extérieur. Les concentrations horaires peuvent atteindre, pour la RATP, plus de six fois les concentrations maximales horaires observées dans l'air ambiant francilien sur les stations de mesures les plus exposées et plus de deux fois ces valeurs, pour la SNCF.
L'analyse chimique des particules indique que les constituants majeurs sont le carbone élémentaire, le carbone organique et le fer.
La toxicité des particules s'exprime essentiellement sur deux cibles, le poumon et le système cardio-vasculaire.
Dans l'ensemble, les résultats des études épidémiologiques à court ou long terme convergent pour attribuer aux particules une part de responsabilité dans la survenue d'une vaste gamme d'effets sanitaires.
Mais le CSHPF souligne qu' « à l'heure actuelle les données recueillies par les exploitants des réseaux ferroviaires souterrains ne permettent pas encore d'évaluer l'exposition de l'usager ni, par conséquent, de quantifier le risque sanitaire lié à cette exposition ». De plus, ajoute le CSHPF, « la composition chimique des particules des enceintes ferroviaires souterraines étant différente de celle des particules de l'air extérieur, la nocivité spécifique, s'il en est, des particules des réseaux souterrains n'est pas connue, à ce jour ».
Trois sources de pollution particulaire sont identifiées, l'exploitation ferroviaire, les voyageurs et, dans une moindre mesure, l'air extérieur. Les actions de réduction des niveaux particulaires que mettent en place les exploitants depuis 2001, portent, d'une part, sur l'amélioration de la ventilation dans les stations ainsi que dans les trains, d'autre part, sur la mise en œuvre de procédés expérimentaux de nettoyage des tunnels et des voies. La RATP a entrepris un programme de renforcement et de création d'ouvrages de ventilation de ses tunnels. Par ailleurs, la rénovation de la moitié du parc roulant SNCF devrait concourir à la réduction de l'exposition des usagers aux PM10.
En outre, des travaux expérimentaux de réduction de l'empoussièrement, dont l'efficacité doit être mesurée, sont conduits par la SNCF et la RATP, tels que le recours à des trains aspirateurs ou l'utilisation de produits lavants des tunnels et le chaulage de tronçons de lignes.
Une surveillance pérenne
Tout en saluant les travaux des exploitants, le CSHPF recommande, dans l'optique de mieux caractériser l'exposition de l'usager :
- la mise en place d'une surveillance pérenne des concentrations en particules (PM10) orientée vers les stations présentant les concentrations particulaires et les fréquentations les plus importantes ;
- l'identification des lignes caractérisées par les concentrations particulaires les plus élevées grâce à des mesures dans les rames, sur toutes les lignes, aux heures de forte affluence ainsi que dans les couloirs et les salles d'échanges à l'occasion des campagnes en cours sur la cartographie de l'empoussièrement du réseau souterrain ;
- la poursuite des investigations relatives à la composition des particules en métaux considérés comme pertinents dans ce contexte (plomb, nickel, cadmium, chrome, fer et manganèse).
Parallèlement, le ministère de la Santé a demandé à l'ensemble des préfets concernés, par circulaire du 30 juin 2003, de s'assurer qu'une surveillance de la qualité de l'air et une stratégie de réduction des émissions soient développées dans les enceintes ferroviaires souterraines lors de la mise en œuvre desplans régionaux de qualité de l'air.
* Issues du réseau permanent SQUALES (RATP), de campagnes de mesurages spécifiques ainsi que de travaux de cartographie de l'empoussièrement (RATP, SNCF).
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